Face à l'engouement du public pour le poker, France Cartes a doublé ses références. Elle se développe dans la fabrication de cartes à collectionner et multiplie les licences.
La multiplication des émissions de télévision sur les championnats et tournois de poker, puis la récente sortie du DVD de Patrick Bruel ont montré un réel engouement du grand public pour ce jeu et la vulgarisation dont il fait l'objet. Leader européen de la carte à jouer, France Cartes compte bénéficier de cette nouvelle mode pour mettre sur le marché une trentaine d'articles dédiés au poker.
"Nous proposons des carrousels de jetons, des tables de poker et des mallettes complètes dans lesquelles sont intégrés deux jeux de cartes Grimaud 516 utilisés par les professionnels. Pour 100 euros, vous pouvez vous faire un vrai casino à la maison !", assure Céline Eveno, responsable marketing de France Cartes, dont le siège social est à Saint-Max (agglomération de Nancy, Meurthe-et-Moselle). Pour constituer ses coffrets distribués dans les magasins spécialisés, la société sous-traite en Asie tous les articles qui ne sont pas du ressort de son activité principale de fabricant de cartes à jouer, à savoir les jetons, les mallettes ou le carrousel.
Créée en 1962 à Nancy, France Cartes passe successivement dans les mains de trois repreneurs jusqu'à la fin des années 80. En 1989, Yves Weisbuch, ancien salarié, reprend la société en perte de vitesse. Gérée par Laurent Weisbuch, son fils, elle connaît un nouvel élan grâce notamment à une diversification dans les activités connexes au jeu, via des opérations successives de croissance externe.
POURSUITE DE STRATEGIE
La holding regroupe ainsi dix spécialistes, dont Vauchier Playbox (pistes de dés), Héron (cartes à jouer publicitaire), SMIR (tapis de cartes), RC Création (coffrets et caves à cigares), Dusserre (cartes vendues dans les musées) et Zavico (jouets en bois).
En mai 2006, France Cartes a poursuivi sa stratégie avec l'acquisition du spécialiste du jouet en bois Jeujura, installé à Saint-Germain-en-Montagne (Jura). Cette opération pourrait sans doute permettre à France Cartes de rapatrier la fabrication asiatique des jouets Zavico dans le Jura, créant ainsi des synergies entre les deux marques. Laurent Weisbuch devrait par ailleurs profiter de la notoriété de la société familiale jurassienne, créée en 1911, pour relancer les kits de construction qui ont fait son succès."C'est l'occasion de pénétrer le marché des détaillants de jouets en bois", souligne la responsable marketing du groupe.
En 2007, le holding France Cartes devrait peser quelque 40 millions d'euros de chiffre d'affaires, après 30 millions lors de l'exercice précédent. Le groupe devrait employer 170 personnes. Toute cette diversification ne fait cependant pas oublier à France Cartes son activité première. En 2003, la société s'est ainsi ouverte au marché de la carte à collectionner qui fait toujours fureur dans les cours derécréation. Voici quatre ans, elle a obtenu les droits de distributiondes cartes du manga Yu-Gi-Oh . En septembre dernier, la société a décroché les licences de fabrication des jeux de cartes Totally Spies, du nom du dessin animé français, et du manga Code Lyoko .
"50 MILLIONS DE CARTES PAR AN"
Avec la mise sur le marché du jeu de cartes Arthur et les Minimoys, d'après le film de Luc Besson sorti en salles au même moment, fin 2006, France Cartes détient 13 licences, dont Franklin, le Manège Enchanté ou Oui-Oui. "Nous fabriquons 100.000 pochettes de cartes à collectionner par jour et 200.000 jeux de cartes traditionnels, soit environ 50 millions de cartes par an", précise Céline Eveno.
En mai 2006, et face à la forte demande de ces cartes à collectionner, France Cartes a mis au point un système unique de production qui permet de confectionner les cartes, de les trier de façon aléatoire avant de les mettre en sachets. Cette "ensacheuse à tirage aléatoire" a été mise au point par le département R&D qui travaille à l'élaboration de matériels de façonnage. France Cartes investit ainsi entre 5 et 6 % de son chiffre d'affaires dans de nouvelles machines, dont 27 sont protégées par des brevets.
Les trois clefs d'une stratégie gagnante
1. La diversification autour du jeu : les différentes opérations successives de croissance externe permettent aujourd'hui à la société de maîtriser l'ensemble des activités et des produits connexes au jeu (pistes, coffrets, cartes publicitaires, tapis de cartes, etc.).
2. L'obtention de licences : la société suit l'actualité télévisée et cinématographique pour décrocher le précieux sésame qui lui permet de fabriquer et de distribuer les cartes à l'effigie des héros pour enfants.
3. L'élaboration de machines spécifiques : la fabrication quasi complète sans sous-traitance permet à la société de réduire ses coûts tout en répondant à ses propres besoins. Elle consacre chaque année entre 5 % et 6 % de son chiffre d'affaires à la conception de nouvelles machines. Sa dernière innovation devrait permettre de produire plus de 5.000 jeux à l'heure.
(source : latribune.fr/SANDRA HEISS)