La situation financière de l'une des plus petites préfectures de France reste tendue. La municipalité table sur le tourisme, les loisirs et sur l'arrivée de nouveaux habitants.
En 1995, Digne-les-Bains était classé parmi les trois communes les plus endettées de France avec Angoulême et Briançon. Onze ans plus tard, la Chambre régionale des comptes (CRC) constate que« la situation financière reste tendue, malgré des efforts certains ». Dans un rapport sur la gestion de la commune entre 1999 et 2004, elle note que si la dette a bien diminué de 6, 4 millions d'euros sur cette période, il faudrait désormais vingt-neuf ans à la commune pour la rembourser, contre seize ans en 1999. Les recettes progressent moins vite que les dépenses réelles et l'autofinancement net est négatif sur presque toute la période, ce que les magistrats financiers jugent « préoccupant ». « nous avons très peu de marge de manoeuvre », reconnaît Serge Gloaguen, maire socialiste de la ville, qui rappelle qu'à l'arrivée de la gauche, il y a douze ans, la dette a été entièrement renégociée. « Depuis, nous avons fait le choix politique de conforter nos crédits de fonctionnement et de titulariser les 500 agents précaires qui travaillaient pour nous. La chambre aurait préféré que nous ayons une gestion surtout comptable plutôt qu'une défense de l'emploi et du développement économique. »
Depuis, l'équipe en place a aussi choisi de ne pas augmenter les impôts et, faute d'activité industrielle, elle mise sur le tourisme, les loisirs et l'installation de nouveaux habitants, notamment des jeunes retraités. Un millier de logements ont ainsi été construits en cinq ans.
Ouverture en juillet
Dans ce contexte, le conseil municipal a approuvé mi-décembre l'attribution d'une délégation de service public de dix-huit ans à Atoll Finances pour l'exploitation d'un casino dans la commune, classée « station hydrominérale » depuis 1927. La construction du bâtiment est dissociée de la convention du délégataire, qui jugeait impossible l'amortissement de l'investissement total de 10 millions sur dix-huit ans. Elle a été confiée à une société ad hoc qui s'engage à le louer pendant cinquante-quatre ans, soit la période de trois délégations. « Si nous n'avions pas accepté ce montage, nous n'aurions jamais pu mener à bien ce projet », se défend Serge Gloaguen, alors que Digne est l'une des plus petites préfectures de France avec 17.680 habitants.
L'aménagement intérieur prévoit la réalisation de salles de réunion, de deux restaurants et d'un bowling, avec à la clef une soixantaine d'emplois. De quoi favoriser le développement touristique, économique et culturel de la commune, estime le rapport du conseil municipal, qui prévoit le versement d'une somme minimale de 60.000 euros par an dans les caisses, somme qui pourrait ensuite atteindre près de 1 million d'euros selon le maire. L'ouverture de l'établissement, dans des locaux provisoires, est annoncée pour juillet.
(source : lesechos.fr/BRIGITTE CHALLIOL)