La Commission a déjà sept États membres. Le tour de la France pourrait venir.
Pour la Commission européenne, c'est simple : les opérateurs de jeux, qu'ils soient publics ou privés, doivent être traités de la même manière. C'est pour cela qu'en avril elle a déjà épinglé sept États membres qu'elle soupçonne d'entrave à la libre concurrence dans les paris sportifs. La France, qui n'est pas sur cette liste, pourrait y figurer lors de la prochaine réunion de la Commission, le 18 octobre. « Peut-être allons-nous accroître le nombre de pays concernés par les procédures d'infraction, a déclaré hier le porte-parole au marché intérieur, Oliver Drewes. Chaque pays peut faire ce qu'il veut mais si des activités sont encadrées ou découragées au nom de l'ordre ou de la santé publics, chacun doit être traité de la même manière. »
Dans le collimateur : la France, qui s'apprêtait hier à mettre en examen deux dirigeants de la société autrichienne Bwin. Ils sont soupçonnés d'avoir enfreint le monopole sur les loteries et sur les paris. La Française des jeux et le PMU avaient porté plainte contre eux en 2005.
La forteresse du jeu est assaillie par la nouvelle génération des bookmakers sur la Toile. « Je réclame simplement une équité pour tous les acteurs, fait remarquer Patrick Partouche, président du directoire du groupe éponyme. Nous devons être tous logés à la même enseigne. Ou bien l'État interdit les jeux d'argent sur Internet, ou alors elle légifère. »
De son côté, La Française des Jeux justifie son monopole pour des raisons d'ordre public. « Le jeu payant est une activité dangereuse qui pose des problèmes sociaux d'addiction, souligne Philippe Vlaemminck, l'avocat de La Française des Jeux. Elle est aussi considérée par le rapport d'Europole 2005 comme la principale forme de blanchiment d'argent du crime organisé. Elle mérite donc d'être sérieusement encadrée. Le risque est d'ailleurs encore plus grand avec le jeu en ligne. »
« Faux, rétorque Patrick Partouche. La Française des jeux outrepasse son monopole. Les mineurs peuvent jouer sur Internet et elle ne possède aucune information valable sur l'identité des gagnants. » Lui-même a été auditionné quatorze heures en avril par la police des jeux lors du lancement du site casino-partouche.com, basé à Bélize, en Amérique centrale. « Je suis convaincu que si la France devait défendre son dossier devant la justice européenne, elle serait condamnée », assure Thibault Verbiest, avocat au cabinet Ulys.
(source : lefigaro.fr/V. C. et E. L. C.)