La France pourrait «à terme» retirer les salles de jeu du décret anti-OPA.
Le marché des bandits manchots serait-il finalement moins sensible que prévu ? La France pourrait «à terme», selon un proche du dossier cité par l'AFP, retirer les casinos de son fameux décret anti-OPA. Une initiative qui fait suite à la décision de la Commission européenne, qui a lancé mardi une procédure d'infraction contre les autorités françaises au sujet de ce décret.
Mûri l'été dernier, après «l'affaire Danone», et promulgué en janvier, le dispositif anti-OPA définissait onze secteurs «stratégiques» dans lesquels l'Etat pouvait poser ses conditions avant d'autoriser un investissement étranger. Mais les casinotiers, eux, se sont toujours demandé ce qu'ils venaient faire aux côtés des activités de sécurité privée, de production d'antidotes, d'interception des communications ou de cryptologie. «Si c'est pour protéger le métier des jeux des prises de contrôle étrangères, l'Etat se réveille après la bataille», ironise Patrick Partouche, président du groupe éponyme. Le groupe Barrière, numéro 1 français, est en effet détenu à 15 % par le fonds de pension américain Colony Capital, et le groupe Moliflor Loisirs, numéro 3, a déjà été racheté par Bridgepoint, un des principaux fonds d'investissement européens. Quant au groupe Partouche, numéro 2 : «Si c'est pour nous protéger d'une prise de participation hostile, je suis très heureux, persiste Patrick Partouche. Mais, possédant 71 % du capital, ce n'est pas ce point qui m'empêche de dormir.»
Autre argument initialement brandi pour classer les établissements de jeu en zone sensible : le risque de blanchiment. Mais cela n'a pas non plus convaincu les industriels d'un secteur surveillé de près par les Renseignements généraux, et astreint à des déclarations de soupçon à Tracfin. «Je n'y crois pas du tout, assure un autre casinotier. Il y a une telle proximité des RG avec les casinos qu'ils savent tout ce qui se passe. La loi leur donne la possibilité d'interroger les employés sur les circuits d'argent, et nous ne donnons un chèque à un joueur que sur ses gains.» bruxelles a d'ailleurs fait remarquer que les casinos étaient déjà couverts par une directive sur le blanchiment de capitaux datant de 2005, que la France doit transposer d'ici à la fin 2007.
(source : liberation.fr/David REVAULT D'ALLONNES)