Alors que la concession du groupe tranchant doit expirer à la Saint-Sylvestre, un accord semble se dessiner entre Jean Kiffer et Georges tranchant, pour éviter une fermeture du casino d'Amnéville.
L'histoire ne se répète pas mais il lui arrive de bégayer. Présentés comme ennemis irréductibles, l'homme d'affaire Georges tranchant et l'insubmersible maire d'Amnéville, Jean Kiffer, vont-ils à nouveau signer la paix des braves, comme en 1995? Après deux ans de procédure, des tombereaux d'invectives et plusieurs semaines de fermeture, les deux hommes avaient enterré la hache de guerre, sous les auspices du préfet Benmebarek, et signé un nouveau bail de dix ans pour l'exploitation du casino. La commune précisera ses intentions mercredi, à la faveur d'un conseil municipal extraordinaire. Mais à moins de trois semaines de l'expiration de la concession du groupe tranchant, il semble qu'un nouvel accord soit sur le point d'être trouvé entre le "Docteur> et celui que ce dernier surnommait, il y a quelques jours encore, "le Parisien>. L'idée consisterait, comme le suggère l'actuel préfet de Région, à proroger de six mois, "au nom de l'intérêt général", l'autorisation de jeux dont bénéficie jusqu'au 31 décembre le groupe tranchant. Le temps, pour la commune, de lancer un nouvel appel d'offre, cette procédure nécessitant un délai incompressible de quelques mois.
"Nicolas Sarkozy [ministre de l'Intérieur] et Brice Hortefeux [ministre délégué aux collectivités locales] me l'ont demandé personnellement, alors oui, je vous le confirme: nous avons sollicité une prolongation exceptionnelle de six mois pour exploiter le casino d'Amnéville", indique Georges tranchant au Républicain Lorrain. "Je pense que je vais obtenir cette autorisation", ajoute le casinotier qui, lorsqu'on l'interroge sur ses relations tumultueuses avec son vieux frère ennemi, se refuse désormais à "jeter de l'huile sur le feu". "Je ne vais pas alimenter une saga avec M. Kiffer. Ce qui m'importe, c'est de préserver l'emploi des 160 salariés du site", assure l'entrepreneur.
"Une solution exceptionnellement bonne"
Du côté de la mairie, l'heure est, aussi, à l'apaisement. À l'égard du "Parisien", dont il n'a eu de cesse, toute cette année, de dénoncer les "méthodes diaboliques", Jean Kiffer se montre aujourd'hui étonnamment placide. "Une solution exceptionnellement bonne pour tout le monde se dessine", indique l'élu. La "priorité des priorités" est-elle toujours de "foutre tranchant dehors", comme il le clamait il y a quelques jours encore? "Les choses ne sont pas si simples. J'ai eu le ministre de l'Intérieur au téléphone, on est près d'un arrangement>, annonce le "Docteur". Qui évoque désormais une "solution de transition devant permettre à chacun de sortir par le haut".
La ville doit donc dévoiler ses plans cette semaine, au moment où le personnel du casino menace de se mettre en grève, à compter d'aujourd'hui, si aucune solution n'est précisée pour éviter une fermeture. Alors que le 25 novembre, le tribunal administratif de Strasbourg venait d'annuler pour vice de formes (sans y être opposé au fond) la concession attribuée en avril dernier à une société d'économie mixte, dont la commune détenait la majorité des parts aux côtés du groupe sarrois Spielbank, Jean Kiffer avait, pour la première fois, évoqué la perspective d'une fermeture de "deux ou trois mois". Le temps, disait-il, de "karchériser" les lieux. Quinze jours plus tard, la volte-face est spectaculaire: "Les locaux sont dégueulasses, je le maintiens et on va les rénover mais tout restera ouvert", assure à présent le maire.
(source : republicain-lorrain.fr/Nicolas BASTUCK)