On se souvient qu'une rude partie de bras de fer, qui s'était poursuivie d'ailleurs sur le terrain judiciaire, avait opposé à la fin des années 90 le Perpignanais Claude Florensa, fondateur de moliflor (1), à la famille Malortigue (groupe Tahoe), pour le contrôle du casino d'Amélie-les-Bains / Palalda.
En définitive, la municipalité de l'époque - Jacqueline Alduy, UDF-CDS, jusqu'en 2001 - avait tranché en faveur de moliflor.
On ne saura jamais pourquoi Claude Florensa, qui s'était séparé avec un "ouf" de soulagement du casino du Barcarès, Le Lydia, s'était en revanche investi avec une rare énergie - et la rage au ventre - pour récupérer dans son escarcelle un établissement de jeux, celui d'Amélie- les-Bains en l'occurrence, qui est devenu un véritable boulet financier pour le groupe moliflor Loisirs.
Au 31 octobre dernier, date annuelle traditionnelle de clôture des comptes des casinos en France, l'établissement d'Amélie affichait, et ce pour la troisième année consécutive, un bilan financier désastreux, déficitaire en tout cas. Depuis que moliflor possède "Amélie", c'est-à-dire depuis 1999, il semblerait que les comptes aient été équilibrés une seule année.
Cette situation appelle une analyse particulièrement défavorable pour ce casino situé déjà dans un "bassin ludique" qui ne laisse pas planer beaucoup d'optimisme pour l'avenir : la proximité du dynamique casino du Boulou, de l'Espagne... et une zone géographique très peu peuplée.
Ajoutez à cette situation critique le fait que la nouvelle municipalité, conduite par le socialiste Alexandre Reynal, par ailleurs conseiller général du canton d'Arles-sur-Tech, ne veut rien entendre concernant une éventuelle évolution pour baisser les contraintes imposées par le cahier des charges.
« Nous n'avons pas le droit, souligne le jeune maire d'Amélie-les-Bains, de modifier le contenu de ce cahier des charges en cours d'application. Les groupes qui étaient candidats à la reprise de l'établissement, avant que celui-ci soit attribué à moliflor, pourraient alors nous traîner devant les tribunaux parce que nous aurions changé la règle du jeu en route... »
En face, le groupe moliflor Loisirs, après avoir lourdement investi dans l'établissement pour redresser la barre, semble désormais vouloir se désengager, au niveau de l'aide financière en tout cas.
2006 s'annonce donc comme l'année de tous les dangers. La question est désormais posée : Est-il légal, dans le cadre d'une délégation de service public, qu'un établissement cumule les déficits de la sorte ? Rappelons que le casino d'Amélie emploie une trentaine de salariés...
(source : midilibre.com/Luc MALEPEYRE)
(1) Contraction de Moliner et Florensa.