Nicolas Sarkozy l'a dit publiquement au cours de son déplacement en Lorraine: pas question d'autoriser une société d'économie mixte à exploiter le casino d'Amnéville. "J'abandonne cette idée", a consenti le Dr Kiffer, furieux.
Il faut respecter la loi. Une commune n'a pas le droit de gérer directement un casino, une SEM non plus.> Sur le plateau de France 3 Lorraine, Nicolas Sarkozy a mis les points sur les "i>. Pas question d'accorder une autorisation de jeux à la société d'économie mixte (SEM) à laquelle le maire d'Amnéville souhaitait confier les clés du casino, après le 31 décembre 2005, lorsque la concession du groupe Tranchant aura expiré. Le Dr Jean Kiffer, qui se targuait d'avoir le soutien du ministre dans ce dossier, sait désormais à quoi s'en tenir. Avant même que le tribunal administratif ne se soit prononcé sur la légalité d'un tel montage, Nicolas Sarkozy a tranché: c'est "niet". Permettre à une municipalité d'exploiter des jeux, fût-ce à travers une SEM, aurait constitué il est vrai une sacrée première.
Devant sa télé, le "Docteur" a bondi. "C'est dégueulasse! tout le monde, ici, est révolté et il n'est pas exclu que nous assistions à un soulèvement populaire", fulminait-il hier soir. "Je vais envoyer dès demain matin un fax à Villepin pour lui montrer comment on me traite!". Mais après avoir encaissé le coup, le maire d'Amnéville a décidé de jeter l'éponge. "Le ministre ne veut pas de ma SEM? J'en prends acte et je l'abandonne", annonce-t-il. "Si je gagne et que le tribunal administratif me donne raison [l'affaire doit être évoquée le 15 novembre], ce sera pour l'honneur et dans l'intérêt des générations futures".
Curieusement, après avoir vanté sa SEM durant des mois, le maire affirme aujourd'hui ne pas vouloir "porter le chapeau" de cette idée. "C'est Brice Hortefeux [l'un des bras droit de Nicolas Sarkozy] qui a eu cette initiative. Il m'a dit: "Ne vous emmerdez pas avec une régie municipale, faites donc une SEM, j'en parlerai à Nicolas". J'ai dit banco!" Une version contestée, place Beauvau.
Et maintenant? Pas d'inquiétude: le Dr Kiffer a "déjà tout prévu" pour sortir de cette affaire la tête haute et sans trop de casse. "Tranchant est dehors, c'est acquis", jure-t-il. "Je vais traiter maintenant de gré à gré avec un autre concessionnaire privé, comme la loi me le permet, afin d'assurer la continuité du service public avant d'organiser un nouvel appel d'offres", a-t-il imaginé. "Deux mois, ça fait un peu court pour boucler une procédure", reconnaît-il.
Tranchant prêt à négocier
Au ministère, où l'on ne perd pas de vue que 160 emplois sont en jeu, une autre solution a été avancée: prolonger la concession du groupe Tranchant de quatre mois, le temps de trouver un accord. "Les parties en présence pourront en discuter, je vais organiser une réunion", a confié Nicolas Sarkozy. Négocier avec Tranchant? "Pas question!", s'étrangle le maire d'Amnéville, qui assure "[se] bouger pour trouver des solutions alternatives." Avec qui? Mystère...
"J'ai toujours dit que toute cette histoire était une plaisanterie", se délecte de son côté Georges Tranchant. "On a pris nos dispositions pour fermer le 31 décembre car pour l'heure, personne ne nous a contactés." Serait-il prêt à discuter avec Jean Kiffer? "Évidemment, si c'est mon intérêt et celui de mes salariés". Et d'ajouter, hilare: "Mais contrairement à 1995 [un accord entre les deux hommes, déjà ennemis, avait été signé in extremis], rien ne m'y oblige."
Bref, la saga du casino d'Amnéville n'est pas terminée.
(source : republicain-lorrain.fr/Nicolas BASTUCK)