La CFR, troisième groupe de casinos français, demandait, hier, en justice, l’annulation du marché du futur établissement de jeux lillois
Objet principal de la requête introduite par la CFR: la possibilité de voir sortir de terre, avant même la construction définitive du futur établissement de jeux lillois!, un casino dit «provisoire». C'est d'ailleurs la première fois que cette sorte de «pré-casino» est évoquée, principal point d'achoppement sur lequel les avocats de la ville de Lille et le groupe CFR se sont affrontés hier.
Dans un document relatif à la procédure de passation de marché, la ville a en effet stipulé qu'«il est souhaité que l'hypothèse (d'un casino provisoire, NDLR) puisse être présentée» dans le projet. Or, selon Me Hersan, l'avocate de la CFR, l'autorisation ministérielle nécessaire à la construction d'un établissement de jeux n'est donnée que sur un véritable casino, et non sur un casino provisoire. Un casino provisoire de ce fait «imposé», qui modifierait ainsi le contrat. Faux, a rétorqué Me Cabanes, avocat de la ville, pour qui le casino provisoire «n'a jamais été demandé. Tout ce que la ville a dit, c'est qu'elle ne s'opposerait pas à ce que ce casino provisoire soit proposé ». Et l'avocat d'ajouter que l'offre de la CFR n'était «pas conforme aux critères définis».
Une dénégation qui a laissé perplexe M. Nowak, le rapporteur du tribunal: «Quand on lit cette phrase, on voit bien que la ville “souhaitait” un casino provisoire (…) Et il est clair que c'est pour que l'affaire démarre rapidement. » En résumé, il était question d'habituer le public à l'existence d'un casino avant l'arrivée des machines à sous, véritables mines d'or pour les établissements de jeux.
Recours fréquents
Le jugement de cette affaire a été mis en délibéré. Mais l'existence même de cette requête judiciaire prouve bien que des intérêts considérables gravitent autour du projet de casino, qui prévoit par ailleurs un complexe hôtelier Hilton de 140 chambres, pour un investissement global d'environ 85M Euro(s)E. Dans les passations de marchés de casinos, il est utile de préciser que les recours judiciaires des perdants sont très fréquents… Après la décision du groupe partouche de se retirer de la course (notre édition du 9septembre), c'est un autre poids lourd qui disparaît de la liste des prétendants, en jetant un pavé dans la mare. En attendant, les discussions se poursuivent sur les aspects juridiques, financiers et architecturaux dans le plus grand secret, par respect de la procédure. Les maquettes des projets sont même mises sous clef à l'hôtel de ville et gardées par la police municipale! Aucune date de sélection d'un candidat n'est pour l'instant avancée mais Me Cabanes a concédé, hier, au rapporteur du tribunal, que la ville n'était «pas prête à faire son choix».
C'était il y a un an, en octobre2004. Les candidats à la construction et l'exploitation d'un casino à Lille avaient fait une offre et déposé leur copie, maquettes à l'appui, sur le bureau de la mairie. Aujourd'hui, même s'il est impossible de connaître le nombre des prétendants, une chose est sûre: la liste des candidats a subi une purge sévère.
(source : lavoixdunord.fr/Samuel COGEZ)