Echoué depuis 35 ans sur la plage du Barcarès, le Lydia, imposant paquebot des sables longtemps malmené par la rouille et les ennuis financiers, rêve aujourd'hui d'un nouvel âge d'or en redevenant un casino.
Le paquebot Le Lydia navigua durant près de quarante ans dans les mers australes et en Méditerranée avant d'être racheté en 1967 par les promoteurs de la station balnéaire nouvellement créée du Barcarès. Un projet délirant, digne des plus folles années du boom immobilier sur le littoral : un chenal de 600 mètres est spécialement creusé pour remorquer le navire de 90 mètres de long jusqu'à son emplacement actuel et le hisser sur une dalle de béton. Depuis, la silhouette blanche du Lydia a épaté des générations de vacanciers. "C'est un peu la Tour Eiffel des Catalans", résume Richard Abou, le directeur du bateau.
Racheté en 2000 par le groupe partouche, premier opérateur français de casinos qui exploite 52 salles en Europe, le Lydia espère obtenir, avant la fin 2002, une autorisation administrative pour ouvrir une salle de jeux à bord. Roulette, black-jack et plus tard machines à sous devraient permettre au paquebot des sables de renouer avec son passé flamboyant après des années de déboires en tout genre, estiment les nouveaux propriétaires.
"Le Lydia a connu son âge d'or dans les années 1970", explique Richard Abou. Acquis en 1973 par Kuniko Tsutsumi, une richissime femme d'affaires japonaise, le bateau est transformé en casino de grand luxe où se pressent la jet-set et les touristes espagnols fuyant les rigueurs de la dictature franquiste.
Racheté par partouche. "Malheureusement, au bout de deux ou trois ans, la crise économique et la réouverture des casinos en Espagne ont porté un coup dur au Lydia", explique M. Abou. En 1980, Mme Tsutsumi se débarrasse définitivement du bateau.
Le Lydia entame alors une longue navigation en eaux troubles, marquée par des années de gestion douteuse et de tempêtes politico-financières. En 1984, le bateau est même plastiqué par des truands. Quatre ans plus tard, l'Etat retire l'autorisation d'exploiter un casino à bord. Le paquebot est ensuite racheté par la holding Grand Sud, exploitée par le maire du Barcarès, lequel se retrouve en prison quelques années plus tard. Entretemps, le Lydia tombe en décrépitude, les vents marins favorisant la rouille et les moisissures.
Le rachat par le groupe partouche marque le début d'une nouvelle vie pour le Lydia. Pendant que la nouvelle direction s'emploie à assainir les finances, préalable indispensable à la réouverture d'une salle de jeux, des réparations de première nécessité sont effectuées pour mettre le bateau en état d'accueillir le public.
Aujourd'hui, le Lydia reçoit la visite d'environ 500 curieux par jour et héberge une boîte de nuit, un bar et une exposition de coquillages recueillis par le bateau au cours de sa carrière maritime. En attendant mieux.
Une fois l'autorisation administrative délivrée, de vastes travaux devraient être entrepris pour ouvrir rapidement, outre le casino, un restaurant et un club de plage, et redonner un bon coup de fraîcheur à l'ensemble du bateau. Le "capitaine" du Lydia espère embaucher ensuite quelque 150 personnes.
"Plus qu'un casino, nous voulons faire du Lydia un complexe de loisirs dans lequel on puisse venir avec sa famille, sans nécessairement être joueur, comme à Las Vegas", explique M. Abou.
(source : midilibre.com)