PARIS (AFP) - Les deux records de gains battus ce week-end, plus de 75 M EUR à l'Euro Millions de la Française des jeux (FDJ) et 4,2 M EUR au Quinté+ du PMU, interviennent alors que les recettes des opérateurs de jeux de hasard et de pronostic ne cessent de progresser.
Et, après le gâteau de l'Euro Millions vendredi, la FDJ a eu la cerise samedi puisqu'un habitant de Tourcoing (Nord) a gagné 6 M EUR à l'inusable Loto.
Le chômeur de Franconville (Val-d'Oise), qui a pulvérisé le record des gains à un jeu de hasard en France en gagnant 75.888.514 euros à l'Euro Millions, et le parieur normand, pour le moment anonyme, qui a empoché 4.207.000 euros au nouveau Quinté+, ont tous deux misé à des jeux récemment créés qui ont dopé le chiffre d'affaires de la FDJ et du PMU.
La Française des Jeux (40.000 points de vente) a enregistré en 2004 une augmentation de 9,8% de son CA (8,55 milliards d'euros) notamment grâce à l'Euro Millions, né début 2004, qui a généré à lui seul 587 millions d'euros de recettes.
Quant au PMU (8.000 points de vente), il a augmenté son CA de 7,6% (7,6 milliards d'euros) en 2004. Sur les huit premiers mois de l'année 2005, il a connu une hausse de 7,1%, due en grande partie au nouveau Quinté+, lancé le 15 janvier 2005. Deuxième entreprise de prises de paris hippiques derrière le PMU japonais, le PMU français a enregistré 1,8 milliard de paris en 2004, pris par ses 6,5 millions de clients réguliers.
"Les jeux sont une respiration, une fenêtre ouverte dans une société bloquée", explique à l'AFP Robert Rochefort, directeur du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc). "+Si un chômeur de 55 ans, père de sept enfants, peut gagner une telle somme, tout est possible+, se disent beaucoup de gens qui oublient que ce conte de fées est fondé sur des mécanismes de sélection (possibilités de gains, ndlr) très durs", relève M. Rochefort.
"La FDJ a réussi une prouesse marketing avec l'Euro Millions", cette loterie commune à neuf pays européens lancée en février 2004, dit le directeur du Crédoc, car les "joueurs sont évidemment attirés par l'hyper gain" possible (record européen de 115.436.126 euros, fin juillet en Irlande).
Le sociologue Jean-Pierre Martignoni-Hutin, président de l'Observatoire des jeux, va dans le même sens en soulignant que les jeux d'argent ont besoin "d'un pactole, d'une somme inaccessible pour motiver les joueurs".
Quant aux casinos, ils étaient équipés en 2004 de près de 18.000 bandits-manchots qui ont généré un produit brut des jeux (sommes perdues par les joueurs), seul chiffre officiel publié par les casinos, de 2,61 milliards d'euros, en hausse de 2,60%.
Et année après année, les Français jouent donc davantage au Loto, sur les chevaux et dans les casinos. Pour le plus grand bénéfice de Bercy qui a empoché en 2004 plus de cinq milliards d'euros en impôts et taxes.
(source : yahoo.com/AFP)