Le secteur du jeu sur internet est en plein boom au Royaume-Uni, introductions en Bourse et opérations de rachat se faisant à coups de centaines de millions de livres, alors que l'on anticipe une très forte croissance des revenus dans les années à venir.
SportingBet, dont les 800.000 clients parient en ligne sur de nombreux sports dont le football, les courses de chevaux, le cricket, le golf et les fléchettes, a annoncé lundi qu'il négociait une fusion avec Empire Online, société de services qui propose notamment de recruter des joueurs.
Cette dernière, qui a vu son action presque doubler depuis son introduction en juin à la Bourse de Londres, à la faveur de spéculations sur son rachat, avait indiqué vendredi avoir reçu une offre de 790 millions de livres (1,16 md EUR), sans donner le nom de l'acquéreur éventuel.
De l'avis des analystes, la partie devrait s'animer avec une surenchère de PartyGaming, le numéro un mondial du poker en ligne. Matthew Gerard, d'Investec, estime que Empire Online fournit à PartyGaming 20% de ses joueurs et pèse ainsi environ 3% de son bénéfice d'exploitation.
"Nous nous attendons à ce que PartyGaming lance une contre-offre pour Empire et nous estimons que jusqu'à 360 pence par action (contre 270 pence proposé par SportingBet, ndlr), le rachat serait une bonne chose pour leurs résultats", a indiqué l'analyste.
Pour les analystes de Citigroup, mettre la main sur Empire Online est même une nécessité pour PartyGaming, dans la mesure où SportingBet a acquis en novembre dernier un de ses concurrents, Paradise Poker, et pourrait donc lui prendre des clients. La partie annoncée est une preuve supplémentaire de la belle santé du secteur des jeux en ligne et de l'intérêt que lui portent les investisseurs.
La semaine dernière, le casino en ligne 888.com, qui revendique 20 millions de clients dans 150 pays, avait fait part de sa prochaine introduction à la Bourse de Londres. En juin, PartyGaming y avait fait une entrée fracassante, avec une valorisation supérieure à 6 milliards de livres, soit plus que British Airways ou Marks and Spencer.
Un succès qui s'explique d'abord par les perspectives de croissance du secteur, très lucratives. Selon le cabinet de consultants spécialisé Christiansen Capital, le chiffre d'affaires total des jeux en ligne s'est élevé à 8,2 milliards de dollars en 2004, contre 5,9 milliards en 2003, et il devrait être de 12 milliards de dollars en 2005 et de 24 milliards en 2010.
Phil Fraser, responsable de la société de conseil I-ludus consulting, voit trois raisons à ce succès croissant. "La première, c'est la facilité d'accès au jeu. Ce n'est pas comme au casino, vous n'avez pas besoin de sortir, vous n'avez pas besoin de vous mettre sur votre trente-et-un", souligne-t-il.
"La deuxième, c'est que des tas de gens aiment jouer mais n'ont pas toujours de quoi. Aux Etats-Unis, il faut faire des centaines, voire des milliers de kilomètres pour vous rendre quelque part où vous avez le droit de jouer: Las Vegas, atlantic City, Biloxi, etc."
"La troisième, c'est que le jeu est devenu une forme de loisir plus acceptée, alors qu'avant cela était considéré comme une sorte de vice. On voit du poker à la télévision, maintenant", explique-t-il.
Autre facteur, le matraquage publicitaire auquel ont recours les gros acteurs du secteur, comme PartyGaming ou 888.com, qui multiplient les affiches dans les transports en commun et les fenêtres sur internet pour attirer de nouveaux joueurs.
Seul nuage à l'horizon, le poids de la clientèle américaine dans le chiffre d'affaires des opérateurs, plus de la moitié pour 888.com et pour PartyGaming, alors même que la menace d'une interdiction des jeux et paris sur internet revient régulièrement aux Etats-Unis.
(source : .journaldunet.com/AFP)