NICE - L'hôpital Pasteur de Nice a ouvert cet été une consultation et une unité de soins "jeu pathologique" destinée à la prise en charge et au traitement des joueurs invétérés.
Hormis une association "SOS joueurs" située en région parisienne, ce service niçois est le seul en France. Il est dirigé par le professeur Dominique Pringuey à la clinique de psychiatrie et psychologie médicale de l'hôpital Pasteur.
En collaboration avec le docteur Yves Bistagnin, psychiatre spécialisé dans les phobies et les troubles obsessionnels, le Pr Pringuey a remarqué que ces joueurs maladifs détruisaient aussi leur entourage.
"Ce sont les épouses, les compagnes ou les proches de ces joueurs qui ont fini par nous alerter", explique le psychiatre, "des gens extrêmement malheureux qui chaque jour plus nombreux venaient nous appeler à l'aide et nous confier leur infortune".
Par exemple, cette femme au domicile de laquelle des huissiers se sont présentés un jour pour recouvrer le montant des dettes de son mari qui s'était laissé prendre au piège du jeu. Si au début il avait un peu gagné, bien vite il avait énormément perdu, dépensé tout son salaire, avait emprunté avant de s'empêtrer dans d'inextricables mensonges avec de graves conséquences sur sa vie privée et professionnelle.
"Ces gens-là sont dans un véritable état de dépendance au même titre que les alcooliques, les toxicomanes ou les gros fumeurs", précise le Pr Pringuey, "et souvent, au final, c'est la justice qui les oblige à se soigner, faute de quoi ils peuvent se retrouver sous tutelle".
3% DE LA POPULATION
"Leur prise en charge est difficile mais dans 80% des cas elle est couronnée de succès", ajoute-t-il, "ce qui est compliqué, c'est que le joueur pathologique est persuadé qu'il détient la recette miracle pour gagner à tous les coups. Et quand il perd, cela ne fait que décupler son besoin de rejouer."
La prise en charge thérapeutique d'un joueur pathologique est de l'ordre d'une dizaine de consultations d'une heure chacune.
Elle consiste d'abord à lui faire comprendre qu'il est absolument impossible de gagner en jouant régulièrement et, dans un second temps, quand le patient nie le hasard ou prétend qu'il peut le maîtriser, que sa pensée est erronée.
Vient ensuite une période de "désintoxication" plus concrète au cours de laquelle le joueur apprend à refuser une proposition de jeu, un peu comme un fumeur en cours de sevrage apprend à refuser une cigarette.
"C'est dur parce que le joueur est faible en général et que l'estime qu'il a de lui-même est altérée", dit le Dr Bistagnin, "et bien souvent il considère le casino comme une espèce de cocon, un lieu magique et protégé où il est connu, reconnu, où on lui prête de l'argent, autant de petits signes qui le valorisent".
Aux Etats-Unis comme en France, bien que dans ce dernier pays il n'existe pas de statistiques officielles, le nombre de joueurs pathologiques est évalué à 3% de la population. Une proportion peut-être plus élevée dans les Alpes-Maritimes du fait du nombre de casinos plus important qu'ailleurs dans le pays.
(source yahoo actualités)