Le monde des casinos est en pleine phase de consolidation en Europe, signe de sa transformation en une industrie comme les autres, alors que s'annonce le rachat des casinos de Didot-Bottin par Partouche, numéro deux français.
Grand nom du secteur, côté à la Bourse de Paris, Groupe Partouche compte une quarantaine de casinos en France et en Europe. Fondée par Isidore Partouche, un rapatrié d'Algérie, en 1973, l'entreprise au départ familiale annonce aujourd'hui 5.000 salariés et a réalisé en 2003-2004 un bénéfice de 20,1 millions d'euros.
La reprise des casinos de Divonne SA (Groupe Didot-Bottin), qui devrait être annoncée "dans les dix jours", apportera dans son escarcelle quelque 100 millions d'euros de chiffre d'affaires supplémentaire.
Divonne SA contrôle en effet les casinos de Divonne-les-Bains, Hauteville-Lompnès (Ain), Annemasse, et Saint-Julien en Genevois (Haute-Savoie), ainsi que celui de Cran-Montana (Suisse).
Les comités d'entreprise ont "donné un avis favorable" au rachat, les conseils d'administration devant se prononcer mercredi après-midi, a indiqué à l'AFP Jacques-Pierre Château, directeur général de Divonne SA.
Déjà, l'accord entre le Groupe Accor et la famille Barrière-Desseigne, donnant naissance à un groupe de dimension européenne, avait marqué un tournant en décembre.
Le groupe formé avec le fonds américain Colony Capital représente aujourd'hui un milliard d’euros de chiffre d'affaires, et contrôle un tiers du marché français, avec 37 casinos dont Deauville (Calvados), Enghien (Val d'Oise), La Baule (Loire-Atlantique), Bordeaux, Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), nice, et Montreux (Suisse).
Partouche, qui a déjà racheté en 2002 la Compagnie Européenne de Casino, a même envisagé sa propre cession: en 2004, le groupe avait accordé à deux sociétés d'investissement américaines un droit de préférence pour son rachat, mais avait jugé leurs offres insuffisantes.
Partout en Europe, le ralentissement de la croissance et la limitation des opportunités de créations ou d'extensions de casinos poussent notamment à cette consolidation, entraînant la transformation du secteur en une industrie comme les autres.
Le produit brut des jeux (PBJ) en Europe s'élève à quelque 8 milliards d'euros par an, la France venant en tête avec 31,5%, suivie de l'Allemagne (14,4%), la Grande-Bretagne (13%), l'Italie (8,7%), les Pays Bas (8%).
En Grande-Bretagne, pays à fort potentiel, Caesars Entertainment, gérant du mythique palace de Las Vegas, a investi 330 millions de dollars pour le Caesars Wembley, qui ouvrira en 2008 à Londres. Son rival, MGM Mirage, va s'implanter à newcastle (nord de l'Angleterre), Sheffield (centre) et Londres.
Les Pays Bas sont également un marché intéressant avec la privatisation de Holland Casinos, soit quelque 50% de parts du marché local.
Le rapprochement permet d'importantes synergies, des économies d'échelle, une meilleure résistance à la pression fiscale ou la réglementation en matière de sécurité, de bruit ou de tabagisme, selon les experts du secteur.
Signe supplémentaire d'une "normalisation industrielle", les casinos, qui procurent 17.000 emplois directs en France, ont négocié avec les syndicats, qui avaient déclenché une grève en décembre dans les 188 établissements français, les conditions du travail de nuit par exemple, ou participent à la lutte contre l'"abus de jeux", l'addiction.
Une évolution effectuée parallèlement à l'autorisation progressive dans les années 1990 des machines à sous, aujourd'hui source principale des revenus avec 20.000 machines assurant 93,38% du revenu des jeux.
Des petits groupes existent encore, comme celui de Georges Tranchant, avec 24 casinos, ou Mofiflor (une vingtaine), à capitaux anglo-saxons, et d'autres encore de dimension plus réduite. Mais loin derrière Barrière et Partouche.
(source : jour
naldu
net.com/AFP)