Jeux - Le Français Didot-Bottin lui cède les établissements de Divonne, St-Julien, Annemasse, Hauteville Lompnès et Crans-Montana.
Toujours démentie, parfois même très fermement, la rumeur de négociations exclusives entre les groupes français Didot-Bottin et Partouche sur le rachat de la société Divonne SA était donc bien réelle.
Hier, par un communiqué très laconique, l'empire Partouche a annoncé avoir transmis à son concurrent une offre pour la reprise à 100% de la holding regroupant outre les trois casinos situés dans la région genevoise - Divonne, Saint Julien et Annemasse -, le casino de Hauteville Lompnès (Ain) ainsi que celui de Crans-Montana.
L'opération doit encore être avalisée par les conseils d'administration ainsi que l'ensemble des actionnaires des entreprises. Mais une fois réalisé, ce rachat permettra au groupe Partouche de devenir un géant européen des casinos, aux côtés du célèbre Lucien Barrière. En 2004, après avoir regroupé ses actifs avec le groupe Accor, Barrière - qui exploite 37 casinos dont celui de montreux et 4656 machines à sous - a accédé à la première place du secteur en Europe.
Petit mais costaud
Avec l'acquisition dans leur entier des casinos de Divonne, Saint-Julien, Annemasse, Hauteville et Crans-Montana, Partouche consolide quant à lui son statut de leader français des maisons de jeu. Tout comme celui de roi incontesté des casinos de la région genevoise.
Car c'est un fait: désormais, celui qui désire jouer à la roulette ou tenter sa chance sur une machine à sous à Genève ou en France voisine devra le faire dans un établissement Partouche. Outre les maisons appartenant à la holding Divonne SA, le groupe possède une filiale à Genève, le casino du Lac installé à Meyrin. L'un des fleurons économiques de la région. Au bénéfice d'une licence «B», ce petit casino ouvert en 2003 marche si bien que ses concurrents, même légendaires, font grise mine.
Fort potentiel
Ainsi, depuis l'arrivée du casino du Lac, Divonne a vu son produit brut des jeux ( ndlr. le chiffre d'affaires de référence des casinos ), chuter de près de 25%. Celui d'Annemasse a plongé de presque 10%. Seul Saint-Julien-en-Genevois a su résister à la tentation meyrinoise, l'établissement n'ayant toutefois pas rempli ses objectifs financiers dans leur totalité.
En mettant sous sa coupe l'ensemble des casinos irradiant la région genevoise, le groupe Partouche entend profiter d'un marché à fort potentiel. Ses ambitions pour la Suisse, la holding française ne les a jamais cachées. Arrivé sur le marché helvétique en 2002 par la prise de contrôle de la Compagnie Européenne de Casinos, Partouche a enregistré pour son casino de Meyrin un produit brut des jeux de 53 millions de francs suisses en 2004. Un résultat particulièrement prometteur.
Reste qu'aujourd'hui, le marché des jeux est soumis à une forte concurrence à Genève et en France voisine. Le nouveau maître des casinos de la région genevoise aura dès lors la dure tâche de redynamiser les établissements en perte de vitesse comme Divonne et Annemasse, tout en s'étendant encore en Suisse.
Propriétaire du bâtiment qui abritait le casino de Saxon, la famille Partouche pense ainsi rouvrir cette maison mythique en automne 2006. Saxon, qui fût au XIXe siècle l'une des plus grandes maisons de jeu d'Europe, avait dû fermer ses portes en juin 2002 faut d'avoir pu obtenir une concession à Berne. Actuellement, en Valais, seule Crans-Montana dispose d'un casino.
Meyrin dans la course à la licence «A»
Certes, en Suisse, le moratoire pour les concessions des casinos n'arrivera à échéance qu'à l'automne 2006. Il n'empêche. Pour les cantons, la course aux concessions a déjà commencé. Car présenter une demande d'autorisation de mise sur pied d'un casino, c'est un peu comme constituer un dossier pour remporter l'organisation des Jeux olympiques: pas de droit à l'erreur. En 2001, bon nombre de cantons se sont ainsi vu refuser leur candidature faute de préparation. Une situation désagréable qui ne devrait pas arriver au directeur du Casino du Lac à Meyrin. Fort de ses résultats exceptionnels - le produit brut des jeux devrait atteindre fin 2005 quelque 65 millions de francs - la filiale genevoise de Partouche a déposé auprès de la Commission fédérale une demande de concession de type «A», incluant les possibilités de gérer un parc de machines à sous plus important ainsi que d'offrir des mises de départ de plus de 25 francs.
Armes égales
«Pour nous, il est très important d'obtenir cette licence. Nous sommes actuellement encerclés dans la région par des casinos de type «A». Il faut donc que nous puissions nous battre à armes égales», relevait hier Yassine Ben Abdessalem, directeur du Casino du Lac.
Le jeu en vaut donc la chandelle: jouissant d'une licence «B», le casino de Meyrin accueille depuis son ouverture entre 1000 et 1200 clients le week-end, les machines à sous étant littéralement prises d'assaut. «Chaque fin de semaine, il y a de l'attente», assure le directeur. Autant dire que, dans son dossier de candidature, le groupe Partouche ne laissera rien au hasard. Complexes, les critères d'attribution d'une concession de casino doivent être étudiés avec le plus grand sérieux. Yassine Ben Abdessalem a une année pour sensibiliser la commission à la situation de concurrence dans laquelle son établissement évolue, et pour mettre en valeur ses atouts, comme son emplacement ou ses facilités d'accès. (fn)
(source : tdg.ch/Florence Noel)