Le jeu, tout comme le tabac, l’alcool ou la drogue, est un mal qui fait du bien et un bien qui fait du mal. Il possède un attrait particulier qui fait que celui qui le goûte peut vite en prendre l’habitude.
J’avoue y avoir goûté, avec de grandes précautions cependant, et en avoir ressenti la puissance. Si je ne m’étais pas mentalement interdit de lui céder, j’ai pu constater combien il aurait été facile d’en devenir l’esclave.
C’est au tournant du siècle que j’ai visité mon premier casino, en Californie. Simple curiosité, pour voir comment c’était. Mais une fois entrée, avec mon mari, nous avons décidé de jouer un maximum de vingt dollars. Pour ma part, j’ai gagné, un peu, beaucoup, puis tout perdu. Mon mari a perdu, et a décidé de poursuivre la chance au-delà de la limite qu’il s’était lui-même fixée. Il a gagné de quoi offrir un repas au restaurant aux amis qui nous offraient le transport.
La deuxième fois que j’ai joué, c’était - encore sous l’influence de mon mari - à Montréal. Le casino se trouve sur une île, dans ce qui était un pavillon de l’Exposition internationale de 1967, et son établissement a été fort contesté par la population. Bien qu’il ait été inauguré alors que je vivais encore à Montréal, je n’avais jamais été tentée d’y mettre les pieds auparavant.
Jamais deux sans trois, dit-on. Je n’ai donc pas pu m’empêcher d’aller voir comment se passaient les choses au célèbre casino de Macao où je voyageais à la fête du Printemps cette année. Je n’étais pas la seule! Les Chinois du continent y abondaient, tant les joueurs que les observateurs. Là encore je me suis imposé une limite : j’ai changé 100 yuans chinois qui m’ont donné 85 dollars de Hongkong (seules pièces acceptées par les machines). Les préposés acceptent sans sourire même les montants modestes, bien que la plupart des joueurs que j’ai pu observer y allaient à coup de 2 000 ou 8 000 yuans! Je me suis promis de ne pas changer d’autre argent quoiqu’il arrive. Jouant ma première pièce de 5 HKD, j’ai gagné et perdu pendant 45 minutes sans jamais piger dans les seize autres pièces. Au plus fort de ma chance, j’avais empoché 200 dollars. Mais finalement, fatiguée de jouer, je me suis retirée avec 45 HKD, que j’ai distribués aux mendiants, nombreux autour du casino, selon la promesse faite à moi-même. Le surlendemain, j’y suis retournée avant de quitter définitivement Macao, avec une unique pièce de 5 dollars que j’ai perdue au premier coup.
Je remettrai peut-être les pieds dans un casino, à l’occasion, mais maintenant que j’ai senti combien il est facile de céder à l’attrait du jeu si l’on ne se prémunit pas sérieusement contre lui, je continuerai de me fixer des limites avant d’y entrer.
Par ailleurs, au niveau national, lors des deux grandes réunions politiques gouvernementales de mars dernier, le problème a été soulevé. Les casinos et jeux impliquant de l’argent sont interdits dans la partie continentale de la Chine. Donc, les 160 casinos des régions et pays voisins siphonnent chaque année environ 600 milliards de yuans de la Chine, une somme presque égale à celle du total de l’investissement étranger dans le pays.
La Chine a connu des détournements de fonds important effectués par des personnes au pouvoir dans le but de « jouer ». Un grand balayage a conduit à la découverte de 30 000 cas de « gambling » et à l’arrestation de 80 000 suspects. Vaudrait-il mieux légaliser le jeu, dans certains lieux autorisés restreints? La question a été reportée à une date ultérieure.
(source : bji
nformatio
n.com/Lisa Carducci)