Après s'y être enrichi sans tapage, le casinotier semble désormais s'amuser comme un petit fou à Amnéville. En dénonçant son maire « mégalomane ».
METZ. _ Rien ne va plus à Amnéville où après avoir fait ses jeux pendant une quinzaine d'années, Georges tranchant sort de sa lucrative réserve pour se lancer dans une « mission de salubrité publique ». C'est un prélude à la perte de concession de son casino qui est programmée lundi prochain au conseil municipal d'Amnéville. S'estimant « premier contribuable » de la commune, il a éprouvé bien des difficultés à retenir l'attention des Amnévillois qui avaient envahi mercredi soir sa conférence de presse à Hagondange.
Drapé dans son rôle d'ennemi public numéro un du docteur Kiffer, Georges tranchant assène toute une série d'accusations, sans pour autant en rajouter de bien nouvelles par rapport au chapelet de « révélations » qu'il égrène depuis maintenant deux mois. En voici néanmoins un florilège qui n'engage que sa responsabilité.
BCBG
Le Galaxie d'abord. C'est son dada. Georges tranchant, actionnaire minoritaire de la salle de spectacles, adore mettre en cause le beau-fils et la belle fille de Jean Kiffer. « Eric Revel circule toujours avec un somptueux 4X4 BMW aux frais de la société et son épouse Carole dans une petite Austin dernier modèle luxe pour jeune femme BCBG ». Au-delà de la forme où Georges tranchant se délecte, le casinotier dénonce un trou financier et « des capitaux propres négatifs de 451 407 euros ». Il prédit que les quatre prochains spectacles au programme dont Lenny Kravitz et Snoop Dog, « n'auront peut-être pas lieu si les organisateurs veulent être payés d'avance ».
Défensive
Georges tranchant a épluché les comptes de la municipalité d'Amnéville pour y débusquer une... galaxie de frais d'avocats, soit « 92.500 euros déboursés entre 2001 et 2004 en lieu et place du docteur Kiffer » ou « du maire adjoint Horst Bruxmeier ». Rien d'illogique dans tout cela. La virulence de Jean Kiffer n'a d'égale que les procédures qu'il engage ou subit de ses adversaires. Mais ipso facto, lorsque Jean Kiffer traite sans modération le palais de justice de Metz de « république bananière », il n'est pas illogique qu'en dernier ressort, c'est-à-dire au terme d'un parcours juridique complet, la Cour de Cassation ne condamne Jean Kiffer, implicitement es-qualité de maire. Georges tranchant publie d'impressionnants tableaux d'honoraires qui font sans doute d'Amnéville la ville championne de France des frais d'avocats par tête d'habitant. Pour autant, la population adhère et ré-élit Jean Kiffer depuis 40 ans. A moins que les élections amnévilloises ne se déroulent, elles aussi, comme dans une république bananière. Et encore, Georges tranchant peut être frustré. Il n'a pas sous les yeux la note d'honoraires du prestigieux avocat d'affaires Christian Pierret, ex-ministre et maire socialiste de Saint-Dié, recruté par Jean Kiffer pour le débarquer du casino.
Lessiveuse
La lessiveuse aux fausses factures... Cette fois-ci, Georges tranchant attaque de front et accuse nommément l'adjoint aux finances M. Zymoch. « Ce dernier, en remerciement de ses loyaux services et de sa contribution à l'élaboration des faux comptes de la cure thermale, a bénéficié d'un salaire fictif de 151.000 euros au détriment de cette dernière ». Mieux : Georges tranchant se fait greffier d'un juge d'instruction messin : « M. Jean-Marie Zymoch est convoqué pour être mis en examen pour complicité d'abus de confiance, faux et usage de faux. Il a également réalisé des fausses factures (95.598 euros) pour faire payer au casino une redevance pour la promotion du site ». Là encore, le casinotier reprend une mise en cause déjà lancé au printemps.
Glissant
Pour le reste, Georges tranchant se mue en prévisionniste : « La mégalomanie du docteur Kiffer l'a conduit à créer un Imax dont les pertes catastrophiques ne sont pas exprimées par un budget annexe de la ville. Le summum est atteint avec la construction pour 15 millions d'euros d'une piste de ski dont le financement n'est pas assuré ». Mais dont les travaux avancent à grands pas... Face au dévers vertigineux de ses relations avec l'élu, Georges tranchant fonce tout schuss en personnalisant ses accusations, en étrange symétrie avec l'attitude de Jean Kiffer qu'il accuse « d'avoir dilapidé les importantes ressources financières du casino dans des entreprises non rentables et mal gérées, toutes à la gloire de sa précieuse petite personne ».
Simulacre
Une fois n'est pas coutume, Georges tranchant effleure enfin l'essentiel, c'est-à-dire son casino. Pour annoncer une énième plainte pénale pour « simulacre d'appel d'offres » après la constitution de la société d'économie mixte (SEM) où le maire a convié des partenaires allemands. Le casinotier croise les doigts et prédit encore : « Je doute fort que le docteur Kiffer, en dehors de l'incompatibilité administrative de sa SEM avec l'exploitation d'un casino, puisse dans la présente situation obtenir une autorisation de jeux de l'autorité de tutelle ». En la matière, ce sera à qui perd gagne, et quoi qu'il en soit, pour Georges tranchant, rien ne va plus à Amnéville...
(source : estrepublicain.fr/Alain DUSART)