La mairie a choisi d’implanter un casino à côté d’un quartier populaire. Les opposants dénoncent un projet qui risque de ruiner les plus démunis.
Après une procédure chaotique de deux ans et demi, le conseil municipal de Toulouse a désigné, le 2 mai, la société qui devrait construire et exploiter le futur casino. Le groupe Accor-Barrière, grand favori, a remporté l’appel d’offres, devançant neuf autres postulants. Avec 14 000 mètres carrés, l’établissement de jeux serait le plus grand de France. Il se composerait d’un bâtiment central de forme ovale - pour symboliser le rugby ? -, entouré de deux ailes - pour symboliser l’aéronautique ? Ce temple de la roulette, du baccara et des machines à sous s’élèverait sur pilotis, car l’emplacement choisi, en bordure de Garonne, est une zone inondable.
Le casino de Toulouse ouvrira-t-il ses portes comme prévu le 1er avril 2007 ? Rien n’est moins sûr. Car l’un des candidats malheureux, le groupe Partouche, a déjà l’intention de déposer un recours. Surtout, la perspective d’un établissement de jeux à proximité d’une grande cité populaire, Empalot, suscite de fortes oppositions. Associations du quartier, militants communistes et conseillers municipaux de gauche ont formé un collectif. Ils voient dans ce casino un redoutable miroir aux alouettes tendu aux personnes les plus désemparées, les plus démunies. À la recherche d’un hypothétique jackpot, ne vont-elles pas dilapider leurs ultimes deniers dans les machines à sous ?
Les opposants au casino livrent d’abord bataille sur le thème de l’addiction au jeu. Les statistiques montrent qu’il s’agit là d’un fléau social. Selon une note confidentielle des renseignements généraux, établie fin 2004, la France compte 28 000 personnes demandant à être refoulées à l’entrée des casinos. Ces « interdits volontaires », qui veulent être protégés contre eux-mêmes, sont chaque année plus nombreux. Plus largement, il y aurait en France 400 000 personnes dépendantes au jeu et en particulier aux 15 000 machines à sous officiellement implantées.
Cette forme de toxicomanie engendre une cascade de surendettements, violences conjugales, maltraitances à enfants, suicides... « On ne crée pas un casino là où ça va provoquer le plus de dégâts dans la population ! » s’insurge Stéphane Dupraz, conseiller municipal PCF. Il doute aussi des mesures décidées pour prévenir l’addiction : « La prévention reposerait sur le seul casinotier ! »
La fronde se poursuit également sur le terrain juridique. La mairie et le groupe Accor-Barrière veulent faire fonctionner un casino provisoire sur l’hippodrome de la Cépière, en attendant l’ouverture du casino définitif. Le collectif anti-casino met en cause la légalité de cet établissement temporaire et s’apprête à saisir le tribunal administratif.
Le maire UMP, Jean-Luc Moudenc, et son mentor, Philippe Douste-Blazy, annoncent que le casino créera entre 200 et 300 emplois et versera chaque année 2 à 3 millions d’euros dans les caisses de la ville. Ce qui fait dire au conseiller municipal François Simon (ex-PS) : « On spécule sur la perte des joueurs pour créer un impôt déguisé. » Stéphane Dupraz renchérit : « Ce casino, c’est un impôt sur la misère. »
(source : huma
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