JEUX. LE CONSEIL MUNICIPAL DE TOULOUSE DOIT APPROUVER AUJOURD'HUI LE CHOIX DU projet DU GROUPE BARRIÈRE POUR LE FUTUR ÉTABLISSEMENT DE JEUX DU RAMIER.
Faites vos jeux, rien ne va plus. Ce soir, on connaîtra officiellement le nom du délégataire pour la construction et l'exploitation du casino municipal de Toulouse. La fin d'un long feuilleton émaillé d'épisodes judiciaires divers. Le maire, Jean-Luc Moudenc, va proposer à son conseil de voter pour le projet du groupe Lucien Barrière, comme cela a été annoncé il y a quelques jours (La Dépêche du 13 avril). Un choix qui, sauf surprise fort improbable, devrait être approuvé par la majorité municipale.
Le calendrier: quand ouvrira le casino ?
Après le vote d'aujourd'hui, le projet de casino devra recevoir une autorisation du ministère de l'Intérieur pour qu'une exploitation provisoire commence, dans des locaux aménagés à l'hippodrome de la Cépière, en avril 2006. Pendant ce temps, le casino définitif sera construit sur l'île du Ramier, en bordure de la rocade, face à l'ex usine AZF, à l'emplacement de l'Ensiacet, ex école de chimie détruite par la catastrophe.120 000 véhicules passent ici chaque jour. Inauguration le 1er avril 2007.
Un établissement provisoire, pourquoi faire?
Le ministère de l'Intérieur demande, pour chaque nouvel établissement, un délai d'exploitation d'un an avec les seuls jeux traditionnels avant d'autoriser les premières machines à sous. La plupart des casinotiers ouvrent donc un établissement provisoire pour gagner du temps et ouvrir leur casino définitif avec les fameux bandits manchots qui rentabilisent l'exploitation.
Combien y aura-t-il de machines à sous?
Il y en aura au moins 150 le jour de l'inauguration. Un chiffre qui devrait passer rapidement à 250 en régime de croisière, soit autant qu'à Bordeaux-Lac. A terme, le groupe Barrière espère bien obtenir l'autorisation d'exploiter 400 à 600 machines (Lyon en a 600, Deauville-Trouville 550).
Quels ont été les atouts gagnants du groupe Barrière?
Candidat face à Partouche, Tranchant ou Tahoé-Loto Québec, Lucien Barrière (qui vient d'absorber la filiale casino d'Accor, délégataire du casino de Bordeaux) est le plus ancien casinotier de France (Deauville, Cannes, Paris-Enghien) et l'un des deux plus puissants d'Europe. Le maire, qui a fait son choix après avis de la commission municipale, met en avant les critères architectural et financier: « C'est le projet qui s'insère le mieux sur le site, estime Jean-Luc Moudenc, il constituait la plus élevée des offres».
Combien ça coûte et combien ça rapporte?
Barrière estime à 55 M? HT la construction, l'équipement et la décoration du casino toulousain avec les 150 machines à sous de départ, auxquels il faut ajouter 3 M? pour l'aménagement de la Cépière. On estime le chiffre d'affaires à 35 M? par an avec 250 machines à sous.
L'exploitant devra verser 8,5 % de ce chiffre à la Ville, soit pas loin de 3 M? de recettes annuelles. Une somme rondelette qui suivra bien sûr la progression du produit des jeux. On est loin toutefois de récupérer ce que le pôle chimique sud rapportait à la Ville rose (environ 10 M? par an). Mais il y aura aussi le Cancéropôle?
Combien d'emplois, de restos et de spectacles ?
Le casino devrait créer 400 emplois directs, entre les jeux et les quatre restaurants prévus sur le site dont un Fouquet's (comme aux Champs-Elysées et à Cannes). Une salle modulable de 1 200 places accueillera 150 spectacles par an (revues, tours de chant, opérettes). Le groupe Barrière a des casinos dans 35 villes ainsi que des hôtels de luxe. Le casino du Ramier sera le plus vaste du groupe en France (14 000 m2 contre 12 000 à Deauville).
Ambition et prévention
«Nous avons voulu créer un lieu de vie et de culture», déclare Dominique Desseigne, président du conseil de surveillance du groupe Barrière, qui ajoute : «Il n'y a jamais eu en France, dans notre groupe, de
projet aussi ambitieux».
Le projet conçu par l'architecte parisien Jean-Michel Wilmotte et par les Toulousains Cardet etHuet joue avec matières et transparence, alliant verre, bois et brique pour ce bâtiment de forme ovale (salle de spectacles) entouré de deux ailes (le casino proprement dit) ouvert sur le parc (avec parking).
Construit et exploité par Barrière, il deviendra propriété municipale au bout de 18 ans (une nouvelle concession pourra être ouverte).
La prévention de l'addiction au jeu, intégrée au cahier des charges, a fait l'objet d'un traitement spécial .
Formation du personnel aux dangers de l'abus de jeu et partenariat avec les milieux médico-sociaux locaux font partie de l'arsenal. En France, un joueur peut se faire interdire, mais le casino ne peut le faire (à la différence de la Suisse).
Le problème du blanchiment d'argent sale est aussi évoqué par les responsables de Barrière, qui rappellent le contrôle permanent des policiers des RG et estiment : «Le risque du blanchiment est bien plus important dans l'immobilier».
(source : ladepeche.com/Philippe Emery)