Les rutilantes machines à sous ont beau être silencieuses et les roulettes figées faute de joueurs, Jéricho mise plus que jamais sur son casino pour relancer son économie dès la prise en charge de la sécurité par les forces palestiniennes.
Propriété de l'Autorité palestinienne et d'un consortium autrichien, l'établissement ultra-moderne, qui s'étend sur 9.400 m2 à l'entrée de la ville, avait ouvert en fanfare en 1998.
Mais, un mois après le déclenchement de l'Intifada dans les territoires palestiniens en septembre 2000, il a été contraint à la fermeture.
"Cela fait quatre ans que nous sommes prêts à rouvrir mais la situation ne le permettait pas", confie Brett Anderson, directeur général de l'Oasis, unique casino des territoires palestiniens et d'Israël.
"Si les Israéliens sont de nouveau autorisés à venir à Jéricho, les affaires reprendront", espère M. Anderson.
A ses débuts, les promoteurs du projet semblaient pourtant avoir réussi leur pari en attirant chaque soir quelques 2.500 joueurs, qui venaient presque tous d'Israël où les maisons de jeu sont interdites.
La fermeture de l'Oasis et le limogeage de ses quelque 2.000 employés, dont des centaines de Palestiniens, a porté un sévère coup à l'économie de Jéricho qui avait connu un boum sans précédent grâce au casino et aux milliers de touristes qu'il attirait chaque jour.
"Si Israël veut vraiment améliorer la vie des Palestiniens, il peut certainement le faire rapidement en autorisant les Israéliens à revenir à Jéricho", estime M. Anderson, ajoutant qu'il lui faudrait au moins huit semaines pour recruter un nouveau personnel.
Originaire de nouvelle Zélande, M. Anderson passe son temps libre à s'entraîner sur les collines sablonneuse de Jéricho en vue d'un marathon auquel il doit participer dans son pays natal.
Dans le restaurant Green Valley près du casino, Khalil Hachem s'occupe de quatre rares clients venus manger chez lui.
"J'étais croupier dans le casino et je gagnais 1.200 dollars par mois alors qu'aujourd'hui j'en gagne à peine 250", regrette-il.
Selon lui, la levée des restrictions israéliennes à l'entrée de Jéricho est vitale pour l'économie de la ville, saignée à blanc par plus de quatre années de violences.
"Jéricho tire ses revenus de l'agriculture et du tourisme et les deux secteurs ont été dévastés par les blocus imposés par l'armée israélienne", se lamente M. Hachem.
"C'est d'autant plus injuste que notre ville a été totalement calme pendant l'Intifada", ajoute-t-il.
Marasme économique oblige, Ishaq nousseibeh est devenu un touche-à-tout pour s'en sortir.
"J'ai planté des laitues mais cela n'a pas rapporté d'argent car je n'ai pas pu les écouler hors de Jéricho", soupire-t-il.
Espérant une plus grande réussite, M. nousseibeh a tenté de vendre des antennes satellitaires mais son commerce a vite périclité. "Les gens n'ont pas d'argent à dépenser" pour capter ainsi des programmes télévisés, explique-t-il.
ni d'ailleurs pour noyer leur chagrin dans l'alcool, à en juger par la faible fréquence dans le bar que M. nousseibeh tient à présent. "Un verre ça coûte aussi de l'argent", fait-il remarquer.
Encouragé par le transfert attendu de la ville à la Sécurité palestinienne, Riad Hamad, qui gère la Jericho Resort, un complexe de chalets et de piscines, a commencé à préparer des forfaits destinés aux agences de voyage en Israël
"Je ne sais pas exactement qu'est-ce qu'Israël va nous transférer mais si cela signifie le retour des touristes, j'y suis favorable", confie-t-il.
(source : courrieri
nt.com/AFP)