Patronat et syndicats des casinos-jeux de France se sont retrouvés jeudi en début de soirée pour une réunion de négociation de dernière minute destinée à tenter d'éviter une grève reconductible à partir de la Saint-Sylvestre.
"J'ai bon espoir d'obtenir ce [jeudi] soir un accord et la levée du préavis de grève", a déclaré à l'AFP le vice-président de Casinos de France (l'une des deux chambres patronales) Michel Roger, jeudi, peu avant le début de la réunion de négociation avec les syndicats, convoquée au dernier moment. Selon une source proche du dossier, le patronat pourrait faire de nouvelles propositions, notamment en ce qui concerne les hausses de salaires et l'instauration d'un régime de prévoyance réclamé par les organisations syndicales.
Les syndicats des casinos-jeux - CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC -, qui ont appelé pour la première fois ensemble à une grève nationale à compter du 31 décembre, réclament 4 % d'augmentation pour tous, six jours de repos compensateur au titre du travail de nuit et un régime de prévoyance au niveau de la branche permettant de couvrir les gros risques (accidents, décès, etc).
Les négociations, qui concernent 17 000 salariés, étaient rompues officiellement depuis le 22 décembre, mais de discrètes discussions bilatérales se sont poursuivies depuis. Les syndicats ont fait part depuis le début de la semaine d'une mobilisation croissante chez les salariés, au regard du nombre de participants aux assemblées générales.
MOINS DE POURBOIRES
Une quarantaine d'établissements sur un total de 188 risquaient, selon FO, d'être "fortement perturbés ou quasiment paralysés" si l'appel à la grève était maintenu, à une date où le secteur réalise traditionnellement une part importante de son chiffre d'affaires.
Au casino d'Aix-les-Bains (Savoie), qui n'appartient pas aux deux chambres patronales, la direction avait accepté dès mercredi de négocier avec les salariés "devant la menace de paralysie de son établissement", a indiqué David Rousset, responsable national FO pour la branche.
"Elle a accordé des hausses de salaires de 3 % et des jours de repos compensateurs au travail de nuit : 8 jours pour les croupiers, 4 jours pour les salariés des machines à sous et 3 jours pour les autres. Comme quoi nos revendications ne sont pas irréalistes", a poursuivi M. Rousset.
Le directeur général du groupe de casinos Partouche, Patrick Partouche - qui détient, avec le groupe Accor-Barrière, les deux tiers du marché - avait déclaré jeudi à l'AFP, quelques heures avant la reprise des négociations, qu'il était "prêt à discuter, mais avec des assurances de l'intersyndicale stipulant qu'en cas d'accord il n'y aura aucun mouvement social dans aucun casino". "Je suis opposé à toute forme de renégociation tant que cette assurance n'est pas remplie", avait ajouté M. Partouche.
Les syndicats avaient lancé leur appel le 26 novembre pour dénoncer les "salaires très bas" de la profession, frappée par une chute des pourboires, de 9,89 % cette année après une baisse de 18,83 % la saison précédente.
La saison 2003-2004 pour les casinos a été marquée par un nouveau record, avec un produit brut des jeux de 2,613 milliards d'euros, en hausse de 2,60 %, représentant toutefois la plus faible croissance des quinze dernières années, selon les groupes casinotiers.
(source : lemonde.fr/AFP)