A quelques jours d'une grève annoncée dans les casinos pour le 31 décembre autour des conditions de travail et des salaires, les établissements de jeu français affichent leur bonne santé, en dépit d'un léger ralentissement de la croissance. Selon les premières estimations de la profession, le produit brut des jeux (PBJ) des 188 casinos français a encore progressé au cours de l'exercice 2003-2004 de 2,6%, à 2,613 milliards d'euros, soit un chiffre record. Reste que cette hausse représente la plus faible progression des quinze dernières années.
L'an dernier, au nombre de 180, les casinos avaient affiché une hausse du PBJ de 3,68%, à 2,546 milliards d'euros. Surtout, après une croissance à deux chiffres au cours des années 90 avec l'explosion du nombre de machines à sous, l'activité retrouve des rythmes de croissance plus modérés. Et les professionnels du secteur estiment que leurs marges sont largement rognées par les ponctions fiscales, qui n'ont fait que progresser depuis dix ans. Dernière en date, la hausse de la CSG devrait coûter une trentaine de millions d'euros au secteur.
Cette année, une fois encore, c'est le casino d'Enghien, dans la région parisienne, qui arrive en tête, et de loin, avec un PBJ de 136,93 millions d'euros (+ 16,98%), soit quasiment le double du deuxième casino français, en l'occurrence Charbonnières-la-Tour-de-Salvagny, dans le Rhône.
Les bandits manchots représentent toujours une part largement prédominante, qui ne cesse de croître. Au cours de l'exercice 2003-2004, le produit brut des jeux issus des machines à sous a représenté 93,38% du PBJ total, soit 2,44 milliards d'euros (+ 3,15%). Cette activité, qui nécessite une autorisation du ministère de l'Intérieur, est devenue fondamentale pour la santé financière d'un casino. Ainsi, les six derniers casinos du classement (Le Havre, Briançon, Jonzac, Alvignac, Barcarès-le-Lydia et La Trinité-sur-Mer), qui sont de nouveaux établissements et n'exploitent pas de machines à sous, cumulent un PBJ de seulement 626 538 euros. Quant aux établissements de Barbazan et Saint-Gervais, qui ont obtenu une autorisation cette année, ils ont vu leur PBJ progresser respectivement de 413,64% et 320,49%.
Parmi les revendications des casinotiers, le droit d'entrée dans les salles de jeux de table (roulette, black-jack, boule...), de 10 euros, jugé responsable de la stagnation de cette partie de l'activité des casinos. Les professionnels demandent sa suppression.
Mais la poursuite de la progression relative des machines à sous dans l'activité des casinos a également comme conséquence pour les salariés une baisse des pourboires, composante non négligeables de leur rémunération. Ils estiment ainsi que les pourboires ont encore chuté de 9,89% à 41,017 millions d'euros, après une baisse de 18,83% la saison précédente.
(source : lefigaro.fr/A. Sé.)