Jeux - Le Groupe Didot-Bottin joue gros pour contrer la montée en puissance du casino de Meyrin.
Les résultats de 2003 avaient été jugés «catastrophiques», ceux de 2004 ne sont pas meilleurs. Le casino de Divonne n'est
pas au mieux de sa forme. Les festivités organisées pour le cinquantième anniversaire de sa réouverture n'ont pas permis de
stopper l'hémorragie. L'année se termine sur un mauvais résultat: un produit brut des machines à sous en recul de 25%. Le
Groupe partouche a réussi, avec le casino de Meyrin, à entamer la cuirasse de son concurrent.
Longtemps classé premier au top dix des établissements de jeux français, le casino de Divonne dégringole cette année à la
huitième place. Dans la région, les autres casinos gérés par le Groupe de Divonne, qui chapeaute les activités jeux du groupe
Didot-Bottin, font aussi les frais de cette concurrence. Du côté du casino d'Annemasse, ce n'est pas non plus la joie. Le
produit brut des jeux est en recul de 9,75%. Seule l'activité du casino de SaintJulien-en-Genevois progresse mais moins
rapidement que prévu. Son ouverture (2002) est encore trop récente pour comparer ses résultats avec ceux de l'année
précédente.
Pour le Groupe Didot-Bottin, l'enjeu est considérable. Son positionnement sur la couronne genevoise a
longtemps été un atout. Depuis deux ans, la clientèle suisse et frontalière est plus volatile. Le passage à l'euro a effacé
les repères. Autrefois, les joueurs suisses se retrouvaient avec de grosses quantités de monnaie française. Ils pouvaient
jouer des heures aux machines à sous. Avec l'euro, l'euphorie est retombée. Les joueurs se sont mis à compter. Le cours élevé
de la monnaie européenne joue en faveur des casinos suisses.
Faire revenir la clientèle
En juillet
dernier, la direction du casino de Divonne a été profondément remaniée. L'ancien PDG, Claude Blot, a été remercié. La
structure juridique du groupe a été modifiée. Confronté au nouveau défi de la concurrence, Divonne a renouvelé près d'un
tiers de son parc de machines à sous.
Des machines neuves, des salles de jeux relookées par un designer, un système
de fidélisation des joueurs, une restauration haut de gamme a prix cassé, Divonne essaye depuis six mois d'inverser la
vapeur. Un responsable marketing a été recruté dernièrement. «Les Suisses ont un lien affectif avec Divonne. Leur vrai
casino, il est là», affirme Alain Mansion, directeur général du Domaine de Divonne.
La bataille entre Divonne et Meyrin
s'annonce rude. «On a toujours été de gros investisseurs. En ce moment, nous mettons tous nos efforts sur le casino»,
confirme Jacques Chateau, directeur général du Groupe Didot-Bottin. Ces derniers mois, le casino de Divonne a réalisé pour
plus de 2,5 millions d'euros de travaux. Tout le monde est sur le pont avec un seul mot d'ordre: «Soigner le client.»
Le Casino de Meyrin fait de lombre aux Français et ramène 26 millions de francs par année à lEtat
INTERVIEW/EDOUARD BOLLETER
Ouvert le 15 juillet 2003 à la suite de l'obtention d'une licence «B» de la part des autorités fédérales, le casino de
Meyrin est en main du groupe français partouche. Le directeur, Yassine Ben Abdessalem, veut engager 20 nouveaux
collaborateurs et vise dorénavant une licence A, ainsi qu'il nous l'a expliqué hier.
Le casino de Meyrin flambe
alors que vos voisins français prennent l'eau. Peut-on dire que vous avez récupéré leur clientèle?
C'est un phénomène
naturel. La nature a horreur du vide. La clientèle suisse se rendait en France par manque de possibilité locale. Aujourd'hui,
nous récupérons ces clients et rétablissons l'équilibre. De plus, nous avons l'avantage de la proximité, du franc suisse
ainsi que le fait qu'en tant que «challenger» nous en faisons plus. Nous mettons un accent particulier sur la
personnalisation de l'accueil, nos 90 collaborateurs sont tous formés en ce sens.
On comprend facilement que les
clients suisses préfèrent jouer «à la maison», plutôt qu'aller à Saint-Julien, Divonne ou Annemasse. Mais avez-vous également
attiré des Français?
Oui, car il ne faut pas oublier les 30 000 frontaliers intéressés à jouer leur argent suisse chez
nous. Notre clientèle est formée de 20% de frontaliers, de 20% de clients internationaux et de 60% de résidents suisses, dont
de nombreux Vaudois.
Les casinos français vivent une période difficile avec des reculs importants de leurs chiffres et
une menace de grève pour le 31 décembre. Vous n'êtes peut-être pas à l'abri du phénomène?
Je souhaite sincèrement
qu'un accord soit trouvé, pas seulement car je travaille pour le groupe partouche. Ce genre de conflit est impossible à
Genève en raison de l'excellent système helvétique de consensus et d'écoute. Il faut ajouter qu'au casino de Meyrin, les
employés sont tous impliqués dans la réussite de la maison. Fait unique, les pourboires sont distribués à part, ce qui
représente 2000 francs brut par mois et par personne. A cela s'ajoute un salaire minimum mensuel de 3800 francs, nos employés
gagnent trois fois plus qu'en France.
Cela sous entend également que vos résultats doivent être convaincants. Que
va y gagner la collectivité?
Sur l'année, nous affichons un produit brut des jeux de 53 millions dont 26 millions sont
versés à l'Etat (ndlr: 60% à l'AVS et 40% au canton de Genève). Après impôts, nos bénéfices annuels devraient être près de 11
millions.
Il paraît que vous ne voulez pas en rester là…
En 2005, nous comptons en effet engager 20
collaborateurs.
Didot-Bottin contre partouche
Casino de Divonne
- 355 machines à sous.
- 480 salariés (avec hôtel et golf).
- 2000 clients
par jour.
- Premier contribuable du département de l'Ain.
- Produit brut des jeux: 66,5 millions d'euros en
2003 (100 millions de francs suisses). Passe sous la barre des 60 millions d'euros en 2004.
- Actionnariat: Groupe
Didot Bottin
- Cinq casinos: Divonne, Annemasse, Saint-Julien, Hauteville, Crans-Montana.
- Projet de
rapprochement avec le groupe partouche abandonné en 2004.
Casino de Meyrin
- 150 machines à
sous.
- 90 employés, 20 supplémentaires en 2005.
- 1200 clients par jour, 1500 prévus en 2005.
- Clientèle:
20% frontaliers, 20% internationale, 60% suisses.
- Produit brut des jeux: 53 millions de francs suisses en
2004.
- Classé 5e casino du Groupe partouche après un an d'activité.
- Actionnariat: Groupe
partouche.
- Deuxième casinotier français depuis la création du groupe Barrière-Accor.
- 45 casinos en France, 7
à l'étranger.
source : tdg.ch/ALAIN JOURDAN)