L'ex-maire UDF-PR de Cannes, Michel Mouillot, poursuivi pour corruption dans une affaire de pots-de-vin liée à l'exploitation de machines à sous, a réfuté mardi devant le tribunal correctionnel de nice, tout enrichissement personnel concédant juste avoir accepté un "don" pour renflouer son parti.
"C'est vrai, j'ai pété un plomb et j'ai accepté le financement du Parti Républicain. Je pense que j'ai craqué", déclare M. Mouillot qui nie avoir sollicité le moindre centime, dans cette affaire de pots-de-vin réclamés à des patrons de casinos contre l'autorisation d'exploiter des machines à sous à Cannes en juin 1996.
L'ex-élu, âgé de 61 ans, est notamment soupçonné d'avoir demandé 460.000 euros aux dirigeants du groupe contrôlant le Carlton Casino club, à Cannes, en contrepartie d'un vote favorable du conseil municipal validant l'exploitation d'un parc de bandits-manchots.
Aucune "caisse noire" du PR ne fut pourtant mise au jour par les enquêteurs qui relevèrent en revanche les difficultés financières du maire enferré dans une série de prêts bancaires contractés à hauteur de 600.000 euros.
A la barre, l'ex-directeur de cabinet du maire, Jean de Mendiguren, 41 ans, confesse l'admiration qu'il nourrissait pour son maire, ce "père moderne qu'il aurait aimé avoir" et qui lui aurait intimé l'ordre de trouver un homme de confiance pour réceptionner un "cadeau" à Londres.
"On m'a forcé à commettre un acte illégal", dit-il.
Une souricière montée avec Scotland Yard avait abouti à l'arrestation, le 17 juillet 1996, dans les salons du Ritz à Londres, de cet émissaire de la mairie venu réceptionner une mallette censée contenir l'argent.
Interpellé dans sa villa varoise et mis en examen pour corruption passive, M. Mouillot a été placé 15 mois en détention provisoire, de juillet 1996 à octobre 1997.
Plus tôt dans la matinée, plusieurs dirigeants d'un autre casino de la Croisette, le Riviera, ont expliqué avoir cédé au "harcèlement" du maire qui leur aurait extorqué 230.000 euros en liquide entre le 29 avril et le 15 juillet 1996 afin de décrocher l'autorisation d'implanter une centaine de machines supplémentaires.
Unanimes sur les sollicitations pressantes dont ils auraient fait l'objet, les trois responsables tentent de diluer leurs responsabilités.
Parmi eux, nessim Gaon, 82 ans, PDG du groupe suisse noga, confirme avoir brièvement rencontré Michel Mouillot, en juin 1996, sur le parking d'un centre commercial près d'Antibes: "M. Mouillot m'a dit qu'il avait besoin de 500.000 francs pour sa maison et ses dettes (...) j'ai pensé aller à la police, mais vu que sa demande n'était pas très importante...", déclare l'octogénaire qui réfute énergiquement avoir donné instruction de payer.
"J'ai seulement dit, si le harcèlement continue, cédez..." nuance-t-il.
- "Mais vous participiez à une corruption"? l'interpelle le procureur, Gilles Accomando.
- "ne me mettez-pas ce mot dans la bouche", l'enjoint solennellement M. Gaon qui préfère évoquer une "négociation".
Michel Mouillot, lui, se souvient de plusieurs rendez-vous mais point de leur teneur, évoquant au plus des "coïncidences".
Le procès se poursuit jusqu'à vendredi.
(source : .li
nter
naute.com/AFP)