Du monde de la finance à celui des machines à sous, il n'y a qu'un pas. Le collectionneur Bernard Pansu, ancien commis à la Bourse de Paris, l'a franchi. Et ce passionné du jeu court le monde depuis 35 ans à la recherche de ces folles machines de rêve distribuant objet divers ou jetons de consommation pour s'adapter à la loi française interdisant dès le début du XXe siècle le paiement en argent. Depuis son premier achat, à la fin des années 60, à la foire de Chatou, d'une Pace bleue, un grand classique américain de 1935 fonctionnant avec des jetons de 25 c (600/800 €), Bernard Pansu a amassé plus de 300 pièces qui seront vendues ce dimanche, à Chartres, chez Me Jean-Pierre Lelièvre. C'est la première fois et peut-être la dernière que l'on verra une telle collection fort bien documentée grâce au catalogue rédigé par Jean Lemaître, auteur d'un livre aujourd'hui épuisé sur 100 ans de machines à sous.
Bernard Pansu a passé sa vie à caresser du regard ces machines à sous aussi précieuses que des bijoux, sans jamais jouer avec. La tentation est grande pourtant de tourner la manivelle de La Précieuse, fabriquée en 1903 par le Français Abel Nau, très rare «Floor machine» à musique avec son décor kitsch de Beethoven entouré de 4 chérubins (6 000/9 000 €). De jouer à la roulette avec Le Petit Casino (Bussoz, France, 1934) avec sa poignée permettant de faire monter une boule en haut du globe en verre qui une fois tombée dans la couleur misée distribue automatiquement un jeton (4 000/6 000 €). De lancer une pièce de 10 c pour faire tourner la Course de cochons pendant qu'un air de musique se déclenche (4 000/5 000 €, ce jeu sur socle fabriqué à Genève en 1910). De poser une question au pharaon tout en introduisant une pièce de 1 penny dans le jeu Pharos (1950) en forme de sarcophage (3 000/4 000 €).
Toutes ces machines ont des noms à faire rêver : Venus, superbe machine de sol américaine (Caille, 1907) avec son décor Art nouveau (8 000/12 000 €). Des formes pour vous épater : La Grenouillère verte avec ses roseaux en relief (5 000/7 000 €) ou le Monte-Carlo de 1910, maison bleu et doré avec ses tours et ses fenêtres à rideaux drapés rouges. Des mécanismes à rendre fou les accrocs du jeu : Le Jockey (Louis Miquel, France, 1937) sur lequel on mise avec une pièce de 25 c qui éclaire le champ de course (3 000/4 000 €). Une passion du jeu qui peut coûter fort cher.
(source : lefigaro.fr/B. de R.)