Deux ressortissants français, qui géraient un casino illicite en ligne depuis 2021, ont été placés en détention provisoire ce jeudi 9 octobre à Paris. Ils réalisaient un chiffre d'affaires de près d'un milliard d'euros.
Leurs sociétés de Curaçao (île des Caraïbes) et Chypre faisaient tourner "Crésus", casino illicite en ligne: la partie s'est terminée à Paris, avec la détention de deux ressortissants français assis sur près d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires depuis 2021.
Les deux hommes ont été présentés ce jeudi 9 octobre à un juge d'instruction de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) et placés en détention provisoire, a indiqué ce vendredi 10 octobre, dans un communiqué, la procureure de Paris Laure Beccuau, confirmant une information du Parisien.
Près d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires
Le casino "Crésus", à l'origine de l'affaire, était exploité par deux sociétés domiciliées à Curaçao et à Chypre qui ne disposaient "d'aucun agrément ministériel français les autorisant à commercialiser ces jeux", détaille la procureure.
"Or plus de 98% de l'activité s'adressait à des résidents français, représentant plus d'un million de visites mensuelles", ajoute Mme Beccuau. Au total, il a généré "près d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires depuis 2021", estime la magistrate.
Des perquisitions et saisies de comptes bancaires ont pu être effectuées "chez l'un des deux ressortissants français à Chypre soupçonnés d'être les gérants", dans le cadre de la coopération judiciaire avec la République de Chypre sous l'égide de l'Unité de coopération judiciaire de l'Union européenne (Eurojust), expose-t-elle.
Les deux hommes ont été mis en examen pour plusieurs délits, dont la réalisation en bande organisée d'opération de jeux d'argent et de hasard prohibés (jusqu'à sept ans d'emprisonnement et 200.000 euros d'amende) et l'offre illicite de jeux d'argent et de hasard en ligne (jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 90.000 euros d'amende).
Ils sont également poursuivis pour le blanchiment d'argent en bande organisée (jusqu'à 10 ans d'emprisonnement et 750.000 euros d'amende ou la moitié de la valeur des biens blanchis) et pour la publicité en faveur d'un site de paris ou de jeux d'argent et de hasard non autorisée (jusqu'à 10 ans d'emprisonnement et 100.000 euros d'amende ou quatre fois le montant des dépenses publicitaires).
Une enquête de plus d'un an
L'enquête a duré plus d'un an. Le 24 juillet 2024, le parquet de la Junalco avait saisi le Service central des courses et jeux (Sccj) de la Direction nationale de la police judiciaire. L'Autorité nationale des jeux (Anj) venait de signaler au parquet des faits d'offre illicite de jeux d'argent et de hasard en ligne par le casino "Crésus".
Les mises en demeure de l'Anj sont restées "vaines et le blocage du site a été suivi de la création de sites miroirs", souligne la procureure.
Une information judiciaire a ensuite été ouverte le 3 janvier 2025 et les investigations du Sccj, avec l'Office anti-cybercriminalité (Ofac) en appui, ont ainsi révélé l'existence de quatre autres casinos en ligne: "Jackpot Bob", "Lucky 8", "casino-privé" et "Olympecasino".
"Les joueurs se sont plaints par ailleurs de l'impossibilité de retirer leurs gains", souligne la procureure, qui fait état d'un préjudice total de 201.755 euros pour les personnes identifiées.
Des dépôts de joueurs ont été constatés "à hauteur de 237 millions d'euros pour la seule année fiscale 2022-2023", pointe Mme Beccuau. L'analyse des comptes crédités en République tchèque a révélé la trace "de réception de 92,6 millions d'euros par de nombreuses sociétés via des virements bancaires entre le 21 février 2022 et le 23 mai 2025", conclut la procureure.
(source : bfmtv.com/M. F. avec AFP)