La première pierre d'un futur casino a été posée à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), fin juin. Mais le projet, estimé à 30 millions d'euros, est critiqué par différents groupes d'opposition municipale. Et ce, pour de multiples raisons.
C'est un sujet qui agite Thonon-les-Bains depuis de nombreux mois. Mais les inquiétudes d'une partie de la population et de l'opposition municipale ont grandi ces dernières semaines, alors que le projet controversé d'un nouveau casino près du Léman a franchi une nouvelle étape.
Début juillet, l'enquête publique a émis un avis favorable à l'implantation d'un casino à Thonon-les-Bains. Certaines réserves ont toutefois été formulées par le commissaire enquêteur. Mais pas de quoi inquiéter le maire de la ville, Christophe Arminjon (divers droite), favorable au projet : "C'est plus de 3 millions d'euros qui vont venir chaque année dans les comptes de la commune pour développer de nouveaux projets. C'est difficile d'être contre quand on veut défendre l'intérêt de la Ville."
"C'est essentiel pour une ville touristique d'avoir un établissement ouvert toute l'année, qui a des amplitudes horaires extrêmement importantes. Même si Thonon reste dynamique, avec un cœur commerçant assez dense, la ville connaît ces problématiques d'ouverture saisonnière, avec parfois une impossibilité de répondre à une demande comme trouver un restaurant le dimanche soir, trouver une animation à une heure tardive", poursuit-il.
Selon lui, cette structure permettra également l'émergence d'une nouvelle offre culturelle : "Un casino, c'est aussi une offre culturelle et artistique très importante. Dans ce volet-là, l'opérateur s'est engagé à investir près de 300 000 euros chaque année dans des événements culturels et artistiques importants."
En concurrence avec les casinos existants ?
Une des principales réserves du commissaire enquêteur concerne la proximité directe de ce futur casino avec celui, déjà existant, d'Evian-les-Bains, à une dizaine de kilomètres. Selon lui, l'impact pourrait être supérieur à celui annoncé par le groupe Golden Palace, porteur du projet. Mais les conclusions de l'étude d'impact sont "très claires", selon l'édile : "L'offre existante n'est pas satisfaite." Le casino d'Evian-les-Bains ne répondrait pas, d'après lui, "à toute la demande localement, en incluant la demande de nos voisins suisses".
Alors que la première pierre du casino a été posée fin juin, les porteurs du projet doivent toujours attendre le feu vert du ministère de l'Intérieur. Christophe Arminjon se dit confiant : "Le permis sera validé", assure-t-il. Et ce, malgré "des minorités agissantes qui veulent régenter la vie de la grande majorité, qui ne dit rien".
Un projet e-sport contesté
Depuis de nombreux mois, l'opposition municipale fustige ce projet de nouveau casino. Un recours a été déposé auprès du tribunal administratif de Grenoble et l'enquête publique a reçu près de 1 157 formulaires anti-casino, indique Astrid Baud-Roche, ancienne adjointe à la mairie de Thonon-les-Bains, opposée au projet.
"Les gens ne veulent pas de ce casino pour différentes raisons", raconte-t-elle. La conseillère municipale d'opposition (divers droite) redoute un impact visuel et sonore important près du centre-ville de Thonon-les-Bains. En outre, elle s'interroge sur les retombées économiques : "Golden Palace annonce près de 20 millions d'euros de produit brut des jeux (PBJ). Ce PBJ sur un territoire n'est pas expansif. Ça veut dire que l'on va piquer du chiffre aux autres. L'impact économique est à soulever : créer quelque chose pour détruire ailleurs, ça n'a aucun sens."
Jean-Baptiste Baud, également conseiller municipal d'opposition (divers gauche), partage ces inquiétudes. Il regrette également l'emplacement de ce nouvel établissement situé derrière la gare SNCF : "Ce casino devrait voir le jour entre la route et une voie ferrée. (...) Il n'a rien à voir avec l'histoire thermale de la ville. C'est un casino urbain, destiné à faire le plus de recettes possibles, et qui va toucher un public plus modeste. C'est ce que l'on craint, avec toutes les conséquences sociales que ça peut engendrer."
Les oppositions critiquent également un projet "e-sport" au sein de la structure. Elles dénoncent une grande porosité entre l'organisation d'événements à destination des jeunes et les jeux d'argent.
(source : france3-regions.franceinfo.fr/
Antoine Belhassen et Serge Worreth)