Le casino de la Cité internationale chérit la politique culturelle de la Ville. Les associations des 6e et 9e arrondissements ont toujours un petit cadeau en plus.
Pharaon sait être grand. Il fait profiter de ses largesses certaines associations culturelles de la Ville de Lyon. N'y voyez là aucune obligation légale, ni réglementaire. «C'est un cadeau et je ne demande rien en échange», confie Guy Benhamou, le directeur de l'établissement de jeux du groupe Partouche.
Ainsi, depuis 2000, date de son ouverture, 461 500 euros sonnants et trébuchants ont quitté les caisses du casino pour subventionner cinéma, théâtre, musique ou arts plastiques.
Pharaon ne demande rien en échange, mais sait être reconnaissant. Quand le conseil municipal de Lyon a donné son accord, en 2003, pour augmenter son nombre de machines à sous de 200 à 250, la «subvention» qui avoisinait les 100 000 euros en 2001 et 2002 a été augmentée de 40 000 euros.
A partir d'une liste «non exhaustive» dressée par l'adjoint à la culture, le casinotier «fait son choix». «Il y a le but recherché par l'association et les affinités qu'on peut avoir. Il ne me viendrait pas à l'idée d'aider une association qui fait de la politique ou du prosélytisme», explique M. Benhamou. La liste est ensuite validée par le conseil municipal.
Villeurbanne et Bron
Des associations, Pharaon est passé aux arrondissements. Mais pas n'importe lesquels, au grand dam des autres. Cette année, 15 000 euros ont été alloués spécifiquement pour les associations du 6e et 7 500 euros pour celles du 9e. Mais là encore, le casino a son mot à dire sur les heureux élus. Guignol, qui emménage place Lyautey chaque été, doit donc plus son salut au Dieu-Vivant, qu'à son cher Gnafron.
Mais au fait, pourquoi les 6e et 9e ? «Mon activité principale est dans le 6e». Quant au 9e, il ne faut point y voir la présence comme maire de Gérard Collomb alors chef de file de l'opposition au moment de la création du casino. «C'est parce qu'à l'époque on avait subventionné une association qui était dans le 9e», explique M. Benhamou.
Lyon n'est pas la seule gagnante. Villeurbanne et sa fête du Livre, Bron et son espace Albert-Camus ont eu droit aux faveurs du casino. «J'aime le livre. J'ai été touché», indique le donateur. Attention, Pharaon a un pouvoir absolu en la matière : il peut s'arrêter du jour au lendemain à verser ces subsides.
Encore plus !
Plutôt que de la voir partir en impôt, les casinos ont la possibilité d'affecter une somme pour des manifestations culturelles d'envergure. Ainsi, Pharaon verse-t-il 300 000 euros par an, selon, à la Biennale de la Danse ou au Musée d'art contemporain.
L'argent des «Orphelins» - les jetons égarés par les clients sur la moquette ou l'argent oublié dans les corbeilles des machines à sous - est récupéré par le casino. Remis au percepteur, les 10 000 euros annuels sont ensuite versés à l'action sociale de la Ville.
Un pourcentage du produit des jeux est affecté directement au budget de la Ville (785 797 euros en 2000, 1 935 650 euros en 2001, 4 935 948 euros en 2002 et 5 208 779 euros l'année dernière).
(source : leprogres.fr/Sophie Majou)