Chef des ventes performant et bien noté, mais ruiné par son addiction aux machines à sous, il a fini par détourner 43 000 euros avant de tout avouer à son patron
La cinquantaine qui inspire confiance, un poste à responsabilité dans la concession automobile où il a commencé il y plus de vingt ans au bas de l'échelle, ce chef du département « véhicules d'occasion » d'une société lyonnaise a tout perdu. A l'insu de son entourage, il a plongé dans le jeu comme d'autres sombrent dans l'alcool, une passion tardive qui lui a coûté 150 000 euros en cinq ans. Et son ultime coup de poker destiné à sauver ce qui ne pouvait plus l'être l'a conduit en garde à vue, la semaine dernière, pour abus de confiance.
Mercredi soir, en effet, son patron a découvert la face cachée de ce collaborateur exemplaire quand celui-ci, soutenu par un ami, est venu confesser les malversations qui le hantaient jusqu'au désespoir. Dans une lettre remise à son directeur, il a expliqué comment, de juillet à septembre, il a détourné 43 000 euros.
La technique était enfantine pour ce commercial aguerri. Il a simplement récupéré dans le bureau d'une secrétaire les dossiers de neuf véhicules qu'il a vendus pour son compte, contre paiement en espèces. L'une des voitures a été rachetée par un garagiste, qui sera poursuivi pour recel d'abus de confiance et non tenue du registre de police. Une autre a été exportée au Portugal et les autres ont été achetées par des Russes de Saint-Etienne.
Des 43 000 euros ainsi détournés, il ne reste rien.
Tout est parti dans les machines de poker, à Charbonnières et à Montrond-les-Bains, où il jouait deux à trois fois par semaine. Début septembre, mesurant la gravité de sa situation et ne se supportant pas dans la peau d'un escroc, il s'est fait interdire de casino.
Trop tard pour ce célibataire qui a découvert le jeu lors d'un voyage à Las Vegas en 1996. Comme tout le monde, il a glissé quelques dollars dans les machines à sous, les premiers pas d'une dépendance qui le laisse aujourd'hui endetté et sans emploi.
Il a d'abord joué de temps à autres, mais la vie lui a joué de mauvais tours. Une brève histoire d'amour avec une jeune Thaïlandaise, repartie dans son pays au bout d'un an, puis la maladie d'Alzheimer qui a emporté sa mère dont il s'est occupé jusqu'à la fin l'ont précipité dans le jeu pathologique. Il y a d'abord consacré tous ses revenus, puis ses économies et son appartement.
Puis il a eu recours à des crédits, et doit rembourser 1 000 euros par mois.
Misant des sommes de plus en plus importantes dans l'espoir de se refaire, il a dilapidé 150 000 euros, perdant jusqu'à 3 000 euros par soirée et, dans toute sa carrière de joueur compulsif, il n'a jamais gagné plus de 6 000 euros.
(source : leprogres.fr/Christine Mérigot)