Depuis qu'ils ont été contraints par le pouvoir communal de déserter la cité des Hurlus, les bandits manchots ont colonisé d'autres recoins de la région frontalière.
A Tournai, un chantier de rénovation et d'aménagement intérieur (représentant un investissement de 1,5 million d'euros) est en cours dans l'ancienne poste jouxtant la gare. Cet édifice répertorié, datant de l'après-guerre (mais reconstruit dans le style architectural de l'ancienne gare) et acquis il y a plus de deux ans par une société immobilière ostendaise, accueillera une salle de jeux électroniques au rez-de-chaussée, ainsi qu'une brasserie-restaurant à l'étage. Ce projet (qui comportera 38 machines, soit le maximum admis par la législation) est porté conjointement par la société noordzee Electronics, qui gère déjà une salle similaire à Ypres, ainsi que par les trois jeunes exploitants de deux débits de boisson de Tournai et Mouscron. Ces derniers deviendront ainsi exploitants de la salle (baptisée Express-Games, elle ouvrira le 25 octobre), et loueront l'étage de la prestigieuse bâtisse, devenu la brasserie « L'ancienne Poste ». Le casino électronique et l'établissement horeca (reliés par un ascenseur) devraient totaliser huit à dix équivalents temps pleins. Dans un premier temps toutefois, seul la salle de jeux de hasard sera accessible, alimentée par un groupe électrogène : l'électricité, coupée depuis que la SnCB a vendu le bâtiment, n'a toujours pas été raccordée, peste Jean Soyez.
Des Français, surtout
Si ce n'est cet obstacle technique de dernière minute, les promoteurs du projet ont franchi d'autres étapes administratives bien plus délicates. Forts de l'autorisation du pouvoir communal - une convention datée du 5 novembre 2003 - les associés avaient obtenu l'une des 180 licences de classe 2 attribuées avec parcimonie dans le Royaume par la commission des jeux de hasard. Il s'agira de la troisième salle du type, en centre-ville, la quatrième dans un rayon de dix kilomètres, avec celle de Pecq. Preuve supplémentaire que l'implantation massive des casinos électroniques dans une région frontalière relève de tout sauf du hasard (75 % de la clientèle des salles tournaisiennes est d'origine française, précise Jean Soyez), une énième demande de convention pour ce type d'établissement sera examinée lors de la prochaine réunion du conseil communal ! Il faut dire que sept salles ont fermé à Mouscron, note Jean Soyez. « Avis défavorable », mentionne toutefois déjà l'ordre du jour. Le Collège a tranché.
S'embarrasserait-on désormais de scrupules pour ceux qui sortent perdants et poussent parfois la porte des cellules de surendettement du CPAS. Jean Soyez ne partage pas ces états d'âme : le secteur est sous contrôle très strict de l'État, qui s'y retrouve. Et puis vous savez, l'on pourra bientôt jouer au Lotto par GSM...
(source : regio
ns.be/ALEXA
nDRE VALÉE)