Bien que salué par le Conseil de l’Europe pour avoir renforcé son système de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, Monaco doit encore agir sur certains secteurs, notamment les casinos. Certains conseillers nationaux craignent des règles de mise en conformité qui pénaliseraient l'activité des Jeux. À l'occasion de ses vœux, Stéphane Valeri a donné son ressenti.
Les règles de conformité pour répondre aux normes internationales en termes de lutte contre le blanchiment d’argent posent question dans nombre de domaines en Principauté. Et les casinos de la SBM n’échappent pas à la règle. En décembre dernier, la question a fait débat lors des échanges pour le vote du budget primitif au Conseil national, à l’évocation de règles qui pénaliseraient l’activité des casinos. Hier, Stéphane Valeri a livré son ressenti.
"Nous sommes aux côtés de l’Etat monégasque pour l’aider à sortir le plus rapidement possible de la liste grise. Nous avons investi des moyens considérables pour l’étude de la provenance des fonds de nos clients, la création de postes avec des gens compétents, les process mis en place au Casino. Nous sommes plus observés que partout ailleurs. Le moindre petit souci au Casino serait immédiatement répercuté dans le monde médiatique. Nous nous devons d’être exemplaires et nous faisons tout pour y arriver", promet le président-délégué.
"Nous demandons à être jugés sur des critères de casino, pas de banque"
"Pour autant, on ne doit pas nous juger sur des critères qui ne sont pas ceux des casinos."
Le débat est en cours avec l’organisme qui contrôle et les autorités locales pour trouver un juste milieu. "À la différence de tous les autres casinos d’Europe, nous ne sommes pas jugés sur des critères de casino mais sur des critères de banque. Ce n’est pas normal, alors qu’en France par exemple, des critères sont mis en place pour juger les casinos. Nous demandons la même chose et cela nous a été refusé."
Un état de fait que regrette le président Valeri, qui espère une évolution positive.
"Avant qu’un joueur ne mette un euro dans une machine à sous, il faudrait le faire passer dans un bureau, faire un audit sur ses fonds, appeler sa banque. Si on fait cela on ne peut plus avoir de casino à Monaco. J’aurais la queue jusqu’à l’Hermitage et les gens n’accepteraient pas d’attendre des heures pour jouer. On fait ce contrôle pour nos gros clients, pour les réguliers. On ne peut pas contrôler les centaines de personnes qui entrent chaque heure au Café de Paris. Une personne qui joue et qui perd, c’est fini. Si elle gagne, on fait les vérifications. Cela nous arrive de faire des déclarations de soupçon ou de refuser de payer dès que l’on n’a pas la garantie que l’argent joué est légal."
(source : moncacomatin.mc/Cédric Verany)