Onze employés mis en examen pour «vol et complicité» à Aix-en-Provence.
Les spécialistes des casinos appellent ça du «baronnage». Une entente entre l'employé d'un établissement de jeux et un complice extérieur, destinée à flouer ledit établissement. Les enquêteurs de la sous-direction des courses et jeux du ministère de l'Intérieur, le service des Renseignements généraux chargé de la surveillance des casinos, travaille depuis plusieurs mois sur un dossier de ce type. Onze personnes, tous des employés du casino Partouche d'Aix-en-Provence, ont déjà été mises en examen dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour «vol et complicité» par le parquet local.
L'affaire débute en mars dernier dans le vestiaire du personnel du Pasino d'Aix, un méga-complexe de 250 employés, avec bandits manchots, jeux de table, restaurants et salle de spectacles. En retirant sa veste, un croupier laisse tomber, par inadvertance, un lot de jetons sur le sol. Les salariés présents s'étonnent, et préviennent la direction du casino. Laquelle porte plainte. Quelques jours plus tard, la section judiciaire des courses et jeux interpelle le croupier, mis en examen et placé sous mandat de dépôt. Deux autres croupiers suivront, trois mois plus tard. Tous trois ont été libérés et placés sous contrôle judiciaire.
Des filatures des intéressés, ainsi que l'utilisation de la vidéo-surveillance du casino, ont permis aux policiers de procéder à huit autres interpellations parmi le personnel. «Le procédé était assez simple», explique-t-on à la direction centrale des renseignements généraux. Le croupier escamotait les jetons une vraie performance compte tenu de la surveillance des casinos , les rapportait chez lui et renvoyait des acolytes extérieurs les échanger au Pasino moyennant espèces sonnantes et trébuchantes. Les investigations se poursuivent toujours autour de ces complicités externes.
Les employés mis en examen se sont vu notifier, dans le cadre du contrôle judiciaire, une interdiction de fréquenter les salles de jeux. Une mesure de retrait d'agrément professionnel, nécessaire pour y exercer, serait actuellement en cours d'examen. Plusieurs d'entre eux, par ailleurs sous le coup d'une procédure de licenciement, auraient l'intention de contester celle-ci devant les prud'hommes. Le préjudice pour le groupe Partouche, premier casinotier français et européen, s'élèverait, selon les investigations, à 15 000 euros. Il y a une dizaine de jours, un joueur de machines à sous avait dérobé, pistolet à la main, 7 400 euros au casino Partouche de Saint-Nectaire (Puy-de-Dôme). En juillet dernier, trois individus équipés de mini-caméras, ordinateur portable et radio et soupçonnés d'avoir joué les cybertricheurs au casino Partouche de Beaulieu-sur-Mer avaient été interpellés et mis en examen pour «escroquerie en bande organisée».
(source : liberation.fr/D'ALLONNES David REVAULT)