Après des années pour faire évoluer la législation, la municipalité d’Arnac-Pompadour, en Corrèze, a validé l’installation d’un casino qui permettra de financer l’entretien du haras national.
Restaurants et commerces, bourg chaleureux, environ 1 100 âmes à l’année… Mais pas seulement. Le village d’Arnac-Pompadour, dans l’ouest de la Corrèze, se distingue de bien des manières.
À commencer par la présence d’un haras national, héritage de la marquise de Pompadour, maîtresse en titre du roi Louis XV, d’un hippodrome et de divers équipements équestres. « Pompadour, c’est la cité du cheval », clame une habitante, pas peu fière de la réputation de sa commune. Et la Corrézienne de rajouter : « Et bientôt, il y aura même un casino ici ! » en indiquant la place de « l’ancien lavoir ». En effet, la municipalité a signé, mi-août, une concession d’exploitation avec le casinotier PVG, déjà propriétaire d’un établissement du même type en Haute-Savoie avec le Casino impérial d’Annecy.
« On disait que j’étais fou »
Près de dix millions d’euros seront investis pour accueillir, notamment, soixante-quinze machines à sous et un restaurant bistronomique avec trente emplois à la clé. Mais pas de quoi faire de l’ombre aux restaurateurs historiques du village qui se réjouissent de la nouvelle. De même que les centaines de spectateurs présents, mi-septembre, à l’hippodrome corrézien pour assister à un concours dans un cadre idyllique. « C’est un véritable soulagement, rapporte Thierry, habitué de Pompadour. J’avais entendu parler de cette idée de casino mais c’était presque devenu une légende. Finalement, ils vont bien arriver à tout sauver et ils peuvent être fiers d’eux. » Près de lui, Isabelle le rejoint même si elle reste plus pragmatique : « Ça va sans doute prendre du temps avant de voir de véritables effets, mais c’est déjà une grande nouvelle pour les amoureux de chevaux. »
Le groupe PVG n’était pas le seul à s’être positionné pour installer un casino à Arnac-Pompadour. Six candidats étaient en lice et la municipalité a tranché en faisant valoir plusieurs arguments, dont un crucial pour Alain Tisseuil, maire de la commune : « Sur le volet animation, ils vont utiliser notre salle des fêtes et nous aider financièrement pour la restaurer. »
C’est aussi un soulagement pour cet édile, qui se bat, avec d’autres élus, pour ce projet. « Au début, on disait que j’étais fou de me lancer là-dedans mais on voit le résultat aujourd’hui. » Un pari assez singulier pour subvenir aux besoins des joyaux de sa commune autour du haras national. Et surtout pour répondre au désengagement progressif de l’État via l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) sur les activités équestres et ce patrimoine. L’idée d’accueillir un casino est alors arrivée car les retombées fiscales pourraient être estimées à plusieurs centaines de milliers d’euros pour la commune. Mais le bourg corrézien n’entrait pas dans les critères pour attirer un tel établissement.
Une loi modifiée
En France, l’exploitation des casinos est réservée aux stations balnéaires, thermales et climatiques, ainsi qu’à la principale ville touristique des agglomérations de plus de 500 000 habitants disposant d’une scène artistique financée pour plus de 40 % par l’agglomération. Il fallait donc changer la loi et plusieurs parlementaires se sont alors mobilisés. Dont Laëtitia Saint-Paul, députée du Maine-et-Loire, département qui accueille également une activité équestre importante à Saumur. Ainsi, depuis décembre 2023, un casino peut sortir de terre dans « des communes sur le territoire desquelles sont implantés le siège d’une société de courses hippiques ainsi que le site historique du Cadre noir ou un haras national ».
Le bout du tunnel pour Alain Tisseuil et ceux qui y ont crû depuis le début même s’ils étaient rares : « Ça a bien sûr pris du temps mais on l’a fait. Et, depuis, tout s’accélère. » Le maire corrézien est déjà tourné vers les travaux avec un chantier qui devrait se terminer au premier trimestre 2026 pour une ouverture du casino… un vendredi 13.
(source : ouest-france.fr/Alix VERMANDE)