Après avoir "passé l’éponge" sur les créances du groupe Boucau (254.000 euros), la Ville devra-t-elle en faire de même avec les 216.000 euros dus par le dernier délégataire, la SAS Casino Victoria?
Le casino de Grasse, c’est pas jackpot? Ce mardi en conseil municipal, les élus grassois ont acté une provision pour risque d’irrécouvrabilité à hauteur de 216.173 euros. Montant qui correspond "aux restes à recouvrer incombant à la SAS Casino Victoria, présente Catherine Butty, adjointe déléguée aux finances. Il y a un risque potentiel important de ne pas recouvrir les fonds." Et pour cause: le 25 octobre dernier, la SAS était placée en liquidation judiciaire, l’établissement (municipal, mais géré en DSP, Délégation de service public) ayant, lui, fermé ses portes deux mois plus tôt.
Une provision qui n’a pas manqué de faire réagir Paul Euzière (Grasse à Tous). Rappelant que, lors du conseil du 25 juin, il avait fallu "passer l’éponge sur les créances dues par la société Boucau [254.000 e], délégataire précédant la SAS Casino Victoria", l’élu d’opposition assène: "En deux conseils et en trois mois, on enregistre une perte pour le budget communal de 470.173 euros."
Il prévient que son groupe votera contre la délibération, ces "pertes importantes" interrogeant "d’une part, sur la pertinence d’un casino à Grasse et, d’autre part, sur la rigueur du suivi de cette DSP, comme dit dans le dernier rapport de la Chambre régionale des comptes [à l’été 2022]." Jérôme Viaud réplique: "On ne s’assoit sur rien, on fait une provision. Avant le conseil, nous avons contacté le liquidateur, pour savoir quelles sommes la Ville pouvait espérer récupérer."
Bien-fondé d’un casino? Les avis ne changent pas
Question sans réponse; et comme "le Trésor public et les salariés" seront prioritaires lors d’éventuels versements, le maire, même s’il promet qu’il ne va "pas baisser la garde", en convient: "On n’est pas sûr de pouvoir récupérer toutes ses sommes, on en a conscience." Pourtant, il reste "convaincu" du bien-fondé d’un casino dans la cité des parfums. Rappelle "les travaux en cours" sur site et le déplacement au ministère de l’Intérieur, le 9 octobre, "pour obtenir l’autorisation de jeux." Le 1er magistrat défend aussi "la centralité" de l’établissement, "à l’inverse d’autres communes qui préfèrent un casino hors de la ville, où il est plus facile de stationner. Pour nous, c’est aussi soutenir le restaurant [au sein du casino], l’activité du palais des congrès. L’attractivité touristique se renforce, on l’a vu cet été."
Alors, s’il concède que les comportements des consommateurs ont "changé depuis 15 ans, avec le jeu en ligne", Jérôme Viaud, pour qui le succès passe "par un bon exploitant", croit en "la cohérence" du projet. Pas Paul Euzière, qui évoque "une dynamique [négative] qui date de plusieurs années et différents délégataires. Vous pensez que le casino à Grasse doit perdurer. Nous non, au vu de l’évolution." Tâche au repreneur, le groupe belge Infiniti Casino, de le faire mentir...
(source : nicematin.com/Pascal Fiandino)