Stop ou encore? La question restait en suspens pour le casino municipal, fermé depuis fin août. Elle a, désormais, une réponse… En effet, après des années chaotiques depuis la réouverture en 2017, l’établissement a vu l’État signifier l’arrêt des jeux, en raison de plusieurs manquements réglementaires.
Le 20 septembre dernier, le tribunal de commerce de Grasse plaçait le gestionnaire, la SAS Casino victoria (qui basculera, le 25 octobre, en liquidation), en redressement judiciaire. "Afin d’assurer une poursuite de l’activité et la sauvegarde des emplois, l’administrateur au redressement judiciaire a lancé un appel d’offres pour la reprise" introduit le maire, Jérôme Viaud. Après l’analyse de deux dossiers, le même tribunal a décidé, le 30 novembre, de passer la main à la société Grand Casino de Dinant.
Condition sine qua non: que les élus grassois approuvent cette reprise. Point de suspense: ça a bien été le cas, ce mardi, en séance municipale; à la majorité seulement*. Car une partie de l’opposition n’a pas caché son scepticisme.
"Pas informés de la teneur des discussions"
Magali Conesa - pour son président de groupe, Paul Euzière, absent - développe. Sur l’exploitation du casino, elle évoque "une dégringolade permanente depuis 30 ans" aboutissant à "des redevances pour la Ville qui se sont amenuisées, au point d’en devenir dérisoires." Alors, au vu des "désastreuses expériences du passé", les membres de Grasse à Tous se montrent "extrêmement vigilants sur le repreneur." Et regrettent qu’elles n’aient pas incité "à une réflexion collective du conseil municipal", les commissions des finances et d’appel d’offres n’ayant pas été "informées de la teneur des propositions ni de l’avancé des discussions."
Côté majorité, on se veut rassurant sur la société belge, qui fait partie du groupe DGRT/Infiniti, exploitant les casinos de Dinant et Ostende en Belgique, mais aussi d’Acapulco (Mexique). "Elle nous semble être la personne morale idoine pour impulser une nouvelle dynamique au casino de Grasse, important pour l’attractivité de la ville, appuie le maire. Son assise financière est solide, et va permettre la remise à niveau en matière d’investissement à trois ans de la fin de la concession."
2,3 M€ investis en trois ans"
D’ailleurs, sa première adjointe, Valérie Copin, rappelle que le tribunal de commerce lui-même juge "l’offre sérieuse, le projet réfléchi et abouti" apportant "de solides garanties financières."
Ainsi, sur les trois prochaines années, la société entend investir 2,3 M€ dans l’établissement: 1,8 M€ pour l’achat de nouveaux équipements pour le casino (machines de jeux notamment), 300.000 € pour le bar et le restaurant et 175.000 € pour l’aménagement intérieur de l’ensemble. Valérie Copin complète avec "des investissements immédiats, car tout est à refaire: cuisine, sécurité électrique, climatisation, etc. Le passage à 20-25 salariés [contre une quinzaine] avec du recrutement, est aussi prévu."
Réouverture espérée en mai 2024
Du coup, rassurés, les élus d’opposition? Nenni; visiblement, même en décembre, ils ne croient pas au Père Noël. "Cette offre est mirobolante; et l’on ne croit pas aux offres mirobolantes" reprend Magali Conesa, qui note que "le tribunal de commerce prend pour argent comptant les promesses d’investissement" sans que ne soient joints "des budgets prévisionnels pour les trois ans à venir."
Elle conclut, paraphrasant Jacques Chirac: "Les promesses n’engagent que ceux qui les croient…"
L’avenir dira si le scepticisme initial était justifié; la réouverture, elle, est attendue en mai prochain.
(source : nicematin.com/Pascal Fiandino)