Ce jeudi 12 octobre, le casino Barrière organise une conférence autour de la notion de jeu responsable. Un axe fort selon la direction de l’établissement, où tous les personnels sont formés pour repérer les joueurs en perte de contrôle
Depuis 1988, quand elle a commencé à travailler dans le monde du jeu, Agnès Doubey a vu les pratiques évoluer dans les casinos. « Avant, les gens venaient simplement pour jouer. Aujourd’hui, avec une clientèle de 18 – 25 ans de plus en plus étoffée, beaucoup viennent pour gagner de l’argent. » Cette tendance, elle a eu le temps de l’observer ces dernières années au sein du casino Barrière, à La rochelle. En charge notamment du jeu responsable, elle a pour mission de garder un œil bienveillant sur les joueurs.
Mais dans ce lieu où chaque machine vous incite à lâcher un petit billet dans l’espoir d’en récupérer davantage, quel sens peut avoir la notion de jeu responsable ? « Pour le client, c’est jouer par plaisir sans tomber dans l’addiction. Et pour le casino, c’est être à l’écoute du joueur en lui donnant toutes les informations pour ne pas franchir le pas de cette addiction », résume Agnès Doubey. En clair, tous les personnels de l’établissement sont formés à repérer les comportements excessifs par rapport au jeu. Une fois un joueur détecté – c’est le cas en ce moment d’une quinzaine de clients réguliers –, la cellule jeu responsable du casino l’a à l’œil, avant d’éventuellement l’inviter à un entretien.
Cette rencontre va permettre, en accord avec la personne, de l’orienter vers une solution pour l’amener à prendre conscience de ses travers. Le casino peut notamment proposer une limitation du nombre de visites par mois, sous la forme d’un contrat passé avec le client. Il n’est en revanche pas question de limitation de la dépense car le casino « ne peut pas le faire », indique Agnès Doubey. Autre solution, l’interdiction volontaire de jeu : le client est amené à prendre conscience de son addiction et va donc faire une demande d’interdiction en ligne auprès de l’Autorité nationale du jeu (il peut demander sa levée au bout de trois ans).
« Pas de la com’ ! »
Enfin, l’équipe du casino peut orienter le joueur vers une solution médicale. Dans le cadre d’une convention de partenariat signé en 2019, il travaille avec le Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) de l’association Tremplin 17. « Dans ce cas-là, on organise un premier rendez-vous au casino avec un psychologue du centre », éclaire Agnès Doubey. C’est là qu’intervient Julien Béda, psychologue clinicien spécialisé en addictologie au Csapa. S’il reçoit seulement une poignée de joueurs par année lors de ce genre de consultation, il se réjouit de cette collaboration avec l’établissement : « C’est un partenariat novateur, enthousiasmant, car il nous permet d’aller à la rencontre des publics, plutôt que d’attendre qu’ils consultent directement. »
Dans tous les cas, l’objectif est simple : intervenir vite et efficacement pour garder le joueur éloigné d’une addiction trop dévorante. « Comme dans toutes les problématiques addictives, souligne Julien Béda, le plus tôt est le mieux. » Une bataille qui tient à cœur au directeur du casino, Christophe Jourdain, qui l’assure : « Ce n’est pas de la com’ ! Notre objectif, c’est qu’il n’y ait aucun cas qui passe au travers. »
Conférence ce jeudi
Le casino Barrière, au 15, allée du Mail à La rochelle, organise ce jeudi 12 octobre, de 14 h 30 à 16 h 30, une conférence ouverte à tous sur la prévention des addictions. Julien Béda et une infirmière du Csapa seront présents pour échanger sur le sujet, et faire connaître le centre, où les consultations sont « confidentielles et gratuites », insiste le psychologue. Chaque deuxième jeudi du mois, de 16 à 18 heures, le casino propose aussi une journée du jeu responsable, avec des psychologues du Csapa qui viennent sensibiliser les joueurs. Julien Béda et Agnès Doubey travaillent également sur un projet de groupe de parole, afin de favoriser l’échange entre joueurs en difficulté.
(source : sudouest.fr/Sébastien Hervier)