Depuis 2017, le casino touquettois travaille avec un psychologue et une conseillère en économie sociale du centre de soins d’Étaples – Berck. Ils accompagnent les joueurs et aident à déceler l’addiction sournoise aux jeux d’argent et de hasard.
Ils ne sont pas là pour parier, Matthieu et Laurine. Pourtant, ce matin-là, le binôme s’est glissé dans les allées du casino Barrière du Touquet. Les mains sont chargées de questionnaires à l’attention des joueurs. Envie irrépressible de « se refaire » ? Remarques à la volée d’un proche sur son jeu ? Se mettre dans le rouge, pour miser, encore et encore ? Derrière les questions, un seul objectif : sensibiliser et déceler les addictions aux jeux d’argent et de hasard.
En 2017, le casino touquettois nouait un partenariat avec une antenne du centre hospitalier de l’arrondissement de Montreuil. Son nom : le CSAPA, entre Berck et Étaples, pour centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie. Matthieu Lawniczak y exerce comme psychologue et Laurine Sauvage, en tant que conseillère en économie sociale et familiale. « Nous accompagnons les joueurs et leurs proches, du dossier de surendettement à la compréhension de l’addiction », pose le duo.
« Jeu responsable »
Cette « addiction » se décline sous plusieurs formes : casinos, courses hippiques et autres paris sportifs, jeux de grattage… « L’addiction passe par des croyances, celles de maîtriser le jeu, de pouvoir se refaire. On se ment, aussi », détaille Matthieu Lawniczak.
Les casinos, eux, doivent former les salariés au contact des joueurs à la prévention. « Le jeu doit rester un plaisir », insiste Cyril Wambre, référent local au Casino Barrière du Touquet. On appelle ça le « Jeu Responsable », chez Barrière. « Les joueurs problématiques ne se manifestent pas d’eux-mêmes. On les repère avec leurs habitudes, comportements ou au fil de banales discussions. »
Soins tardifs
Plusieurs options s’ouvrent aux joueurs « problématiques », pour dompter leurs démons : l’interdiction de jeu ou la limitation volontaire d’accès (lire par ailleurs). « Il arrive alors que des joueurs interdits de casinos reportent leur addiction sur d’autres jeux, plus facilement accessibles », reprend le psychologue.
« Repérés » par les salariés, les joueurs au casino Barrière sont orientés vers le binôme du CSAPA, pour des consultations gratuites. S’ils le souhaitent, bien sûr. Sous nos latitudes, les deux soignants ont de quoi faire : de Boulogne, à Fort-Mahon, en passant par Berck et Le Touquet, il y a cinq de ces temples du jeu. « Le recours aux soins est souvent très tardif, reprend le psychologue. Dans le fond, la mécanique n’est pas différente d’une addiction à l’alcool. Il n’est pas question d’argent ou de nombre de verres. »
Interdiction, limitation: de quoi parle-t-on?
Interdiction. L’interdiction de jeux est volontaire, jamais contrainte. Elle est valable pour une durée minimum de trois ans. Il n’est alors plus possible d’entrer dans un casino, club de jeux, jouer en ligne ou d’accéder aux jeux nécessitant un compte de la fédération française des jeux ou PMU. Le joueur peut ensuite demander sa levée.
Autrefois, les personnes souhaitant être interdites de jeux devaient se présenter dans un commissariat. Depuis janvier 2021, les joueurs n’ont qu’à remplir un formulaire en ligne sur le site de l’Autorité nationale des jeux (ANJ).
Limitation volontaire d’accès (LVA). Les joueurs peuvent solliciter le casino pour réduire la fréquence des visites, pour trois mois minimum et deux ans maximum. À l’image de l’interdiction, seul le joueur concerné peut décider d’une limitation, pas ses proches. Une « dizaine » de clients par an ont une LVA au casino Barrière du Touquet.
(source : lavoixdunord.fr/Louise Martel)