L'entreprise présente dans l'hôtellerie de luxe et les casinos a annoncé une nouvelle gouvernance vendredi, préfigurant d'une nouvelle stratégie.
Etape par étape, le groupe Barrière poursuit sa mue. Après l'arrivée, fin juillet, d'Alexandre Barrière et Joy Desseigne-Barrière à la présidence , puis le rachat des parts de fimalac par la holding familiale, le groupe d'hôtels et de casinos a modifié sa gouvernance en profondeur.
Sous l'égide de Grégory Rabuel (ex-Altice), fraîchement nommé directeur général, l'entreprise va désormais s'articuler autour de six directions et d'un secrétariat général. Celui-ci sera occupé par Franck-Philippe Georgin, énarque passé par différents cabinets avant de rejoindre le groupe Casino, puis la compagnie CMA CGM.
Surtout, cette réorganisation préfigure d'un virage stratégique, qui doit permettre au groupe fondé en 1912 de matérialiser ses ambitions. Il s'agira d'abord de « poursuivre le développement et l'internationalisation du groupe », selon Grégory Rabuel. Alors que la marque Fouquet's est déjà présente , Abu Dhabi ou Dubaï, de nouvelles ouvertures pourraient ainsi être envisagées.
« Devenir le Netflix du casino en ligne »
En outre, la digitalisation du groupe va s'accélérer, dans l'ensemble de ses métiers. Elle concernera en particulier « le parcours et l'expérience client », résume le dirigeant, tandis que la perspective d'une légalisation du casino en ligne en France, qui pourrait intervenir à moyen terme, aiguise son appétit.
« La question de fond concerne les conditions de cette régularisation des jeux en ligne », relève Grégory Rabuel. Le tout alors que les casinotiers militent de longue date pour le projet « Jade », qui réserverait cette autorisation aux propriétaires de casinos physiques. Quelle que soit la solution retenue, Barrière, qui opère déjà en Suisse, entend faire la course en tête. « On souhaite devenir le Netflix des casinos en ligne », sourit son directeur général.
Pas de vente d'hôtels
Enfin, l'un des principaux axes de développement consistera à amorcer une montée en gamme globale. « Nous allons engager une réflexion pour repositionner certains établissements », indique Grégory Rabuel. Il s'agira notamment « d'aligner » les hôtels et les restaurants, en réhaussant les standards d'accueil et de services de l'un ou l'autre pour fournir à la clientèle une prestation haut de gamme. « Aujourd'hui, on observe une forte croissance de l'hospitalité, en particulier pour les acteurs du luxe », relève le dirigeant, qui admet que des investissements conséquents seront nécessaires pour mener cette transition à bien.
Reste à savoir comment ce plan sera financé, alors que le rachat des parts de fimalac a coûté 325 millions d'euros à la famille Barrière. « Nous n'aurons pas besoin de vendre des actifs », tranche l'ex-patron de l'opérateur SFR. Propriétaire de ses hôtels, à l'exception de l'établissement de New York, le groupe n'entend donc pas vendre les murs, même si le futur développement de son parc devrait s'effectuer sur un modèle « asset light », a priori par le biais de contrats de management.
Avant l'accord avec fimalac, le groupe était « peu endetté », fait-il également valoir, évoquant « des marges de manoeuvre » financières tandis que cette transformation se fera sans doute par étapes. « Dans les prochains mois, vous allez voir des changements significatifs », promet-il.
(source : lesechos.fr/Yann Duvert)