Les acteurs du jeu en ligne affûtent leurs arguments. L'expérience du Covid et le projet de loi pour encadrer l'offre d'un acteur comme Sorare leur fournissent une occasion de marquer des points.
Ils n'ont pas encore raflé la mise, mais les promoteurs de la légalisation des casinos en ligne commencent à croire en leurs chances de toucher enfin le jackpot. Pendant des années, les nouveaux acteurs du jeu d'argent sur smartphone et sur ordinateur se sont heurtés à un mur. Si le ministère chargé du Budget était prêt à défendre l'encadrement de la roulette ou des machines à sous digitales pour mieux pouvoir les taxer, les villes accueillant des casinos et les exploitants de salles de jeux comme les groupes Barrière ou Partouche ainsi que le ministère de l'Intérieur étaient tous unis pour bloquer la route aux Betclic et autres Winamax.
La donne est cependant en train de changer, et les chances de voir la France autoriser, comme tous les autres pays européens, les casinos en ligne augmentent. D'abord parce que plus personne ne peut nier que l'interdiction n'a pas empêché l'explosion d'une offre que bon nombre de joueurs ne savent même pas qu'elle est illégale .
Effet Covid
Selon certaines estimations, autour de 2 millions de Français jouent plus ou moins régulièrement en ligne sur des sites illégaux et ils dépenseraient ainsi autant que sur les sites de paris sportifs autorisés . Ce sont, de ce fait, autour de 2 milliards d'euros qui sont dépensés chaque année sans aucune forme d'encadrement et plusieurs centaines de millions de recettes fiscales qui échappent à la France.
Longtemps hostiles à la légalisation, les acteurs historiques du casino ont, eux, tiré les leçons du Covid et commencent à comprendre qu'une offre numérique pourrait être un relais de croissance leur permettant d'attirer un public plus jeune.
« Le casino en ligne ne cannibalise pas le casino en dur, il vise un autre public », reconnaît un expert du secteur. Plus difficiles à convaincre, les municipalités qui accueillent des casinos pourraient se laisser séduire par les lobbyistes de la légalisation du « online » qui évoquent la création d'un fonds de compensation qui permettrait de suivre l'évolution du marché et qui pourrait verser plusieurs millions par an aux villes dont l'activité économique serait impactée par l'essor d'une offre légale.
Enfin, si le camp de la légalisation se mobilise actuellement, c'est que les débats des parlementaires qui se penchent sur la régulation des nouvelles offres de jeux reposant sur les nFT (les tokens numériques comme Sorare) leur offre un angle de tir. Une fenêtre législative s'ouvre, et ils ont bien l'intention de ne pas laisser passer cette chance.
(source : leschos.fr/David Barroux)