L'archipel a longtemps été le seul pays industrialisé à interdire les casinos. Mais le feu vert accordé à cette industrie fait polémique dans un pays où l'addiction aux jeux est considérée comme un problème de société.
Le gouvernement japonais a confirmé ce vendredi un projet controversé de construction du premier casino du pays. Ce dernier verra le jour en 2029 à Osaka, troisième ville la plus peuplée du pays. Le projet « devrait contribuer au développement de la région […] et à la croissance du Japon, tout en devenant une base touristique pour transmettre les attraits du Japon au monde entier », a déclaré à ce sujet le Premier ministre nippon, Fumio Kishida .
Les responsables locaux d'Osaka et de Nagasaki (sud-ouest) cherchent depuis longtemps à obtenir l'autorisation de construire des complexes de loisirs, comprenant, outre des casinos, des centres de conférences, hôtels, restaurants, théâtres et autres lieux de divertissement.
Les autorités d'Osaka estiment l'impact économique d'un complexe de ce type à 1.140 milliards de yens (7,8 milliards d'euros) par an, avec la création de 15.000 emplois. Elles s'attendent également à y accueillir environ 20 millions de visiteurs par an, venus du Japon ou de l'étranger, et à réaliser un chiffre d'affaires annuel de 520 milliards de yens, dont 80 % générés par les casinos.
Vif débat sur fond d'addiction aux jeux
L'archipel a longtemps été le seul pays industrialisé à interdire les casinos, mais il a adopté en 2016 une loi ouvrant la voie à la légalisation de cette industrie. La question fait cependant l'objet d'un vif débat, les opposants aux casinos soulignant le risque d'aggravation des problèmes d'addiction au jeu, déjà importants dans le pays.
Selon une enquête du gouvernement datant de 2021, 2,8 millions de japonais (2,2 % de la population) sont dépendants au jeu. Nombre d'entre eux sont accros au « pachinko », sorte de billard vertical utilisant des billes métalliques, ou au » pachislo » (machine à sous), qui ensemble génèrent chaque année 14.600 milliards de yens (99,7 milliards d'euros) de recettes.
Un marché juteux
Une situation qui explique cette législation japonaise selon laquelle tout complexe de jeux d'argent qui souhaite obtenir une autorisation devra présenter ses plans de prévention de la dépendance au jeu.
Quelque 7.600 établissements proposent des jeux au Japon, généralement situés à proximité des gares, et exploitant des vides juridiques pour permettre d'échanger des jetons contre de l'argent. Le Japon dispose également d'un marché de plusieurs dizaines de milliards de yens de courses de chevaux, motos, bateaux et vélos, contrôlées par le gouvernement, ainsi que des paris sur le football et des loteries.
(source : lesechos.fr/Avec AFP)