WASHINGTON (AP) - Des menaces terroristes contre des établissements de jeux et des hôtels de Las Vegas ont été délibérément ignorées et cachées au public, selon des documents officiels dont l'Associated Press a eu connaissance.
Quand le ministère de la Justice a obtenu deux cassettes vidéos suggérant que des terroristes avaient fait des repérages sur des casinos de Las Vegas, les discussions n'ont pas porté sur l'information au public ou le renforcement de la sécurité. Les autorités se sont principalement préoccupées des effets sur le tourisme et les responsabilités juridiques des casinos.
Une de ces cassettes, découverte en Espagne en 2002, montre que des éléments européens d'Al-Qaïda avaient repéré les casinos de Las Vegas en 1997 et auraient fait référence dans la conversation à Khalid Sheikh Mohammed, le cerveau des attentats du 11 septembre.
L'autre cassette, découverte dans l'appartement d'une cellule terroriste de Detroit, contient des séquences étrangement semblables sur le mgm Grand, l'Excalibur et le New-York, New-York, trois hôtels-casinos situés très près les uns des autres à Las Vegas, soit 11.000 chambres au total.
Bien que le FBI l'ait proposé, la plupart des représentants locaux de la loi et les responsables de la sécurité des casinos ont décliné l'invitation à visionner ces bandes, selon des notes et un des procureurs en charge de l'affaire de Detroit.
Une de ces notes obtenues par l'Associated Press, cite un procureur fédéral de Las Vegas rapportant les propos du maire de la ville préoccupé par "les effets délétères sur l'industrie du tourisme" si ces éléments devenaient publics. Le maire a affirmé lundi ne jamais avoir eu connaissance de ces cassettes.
Selon un autre document, les casinos ne souhaitaient pas voir les séquences par crainte d'être tenus responsables devant une cour si l'attaque se produisait.
"L'information malheureusement n'a pas été prise aussi au sérieux que nous pensions qu'elle le serait", a déploré le procureur fédéral adjoint Richard Convertino lors d'un entretien avec l'Associated Press. Seulement deux officiers de police locaux ont accepté l'offre du FBI de visionner les cassettes, selon lui.
"La raison qu'il lui (à l'agent du FBI) a été donnée pour ce faible retour était la responsabilité. S'ils avaient eu l'information, ils auraient dû agir. C'est absolument inacceptable et scandaleux", a ajouté Richard Convertino.
Le département de la Justice s'est refusé lundi à tout commentaire évoquant le droit de réserve du juge dans le cadre de l'affaire de Detroit.
(source : Yahoo!Actualités)