Le rapport sur l’exercice 2020-2021 du casino n’est pas franchement une surprise : déficitaire depuis son ouverture, le navire Barrière à Lille est toujours plus frappé par la crise sanitaire et l’évolution des modes de jeux. Il fait pourtant mieux que l’exercice précédent.
Ce n’est pas mieux, c’est moins pire. Au prix d’une forte diminution de ses charges, et donc d’une gestion au cordeau, le casino piloté par le groupe Barrière à Lille a réussi à perdre moins d’argent sur l’exercice 2020-2021 que sur le précédent : 7,8 millions d’euros, contre 8,3 M € un an plus tôt. Pas de quoi sortir les cotillons, bien sûr, d’autant plus que c’est une lame de fond qui ne dit pas son nom : si la crise sanitaire a accéléré l’éloignement des gens des casinos, rien ne dit que l’évolution des pratiques (essor des jeux en ligne) leur donnera envie de revenir massivement.
Pour le casinotier lillois, c’est un nouvel exercice tronqué : avec une réouverture (partielle) le 19 mai 2021, il dresse un bilan affaibli par une vingtaine de semaines passées à vide. Au final, revers de la médaille quand on est un resort, tous les secteurs ont été frappés : les confinements et règles sanitaires durcies ont plombé l’activité jeux (- 46,3 % par rapport à l’exercice précédent), le télétravail a laminé la restauration (- 58,1 %), tandis que le tourisme en berne a fragilisé l’activité hôtellerie (- 40,1 %)...
Dans le rapport, il est noté que « les casinos enregistrant les baisses les plus importantes sont les plus gros casinos, proches des grands centres urbains ». Avec un chiffre d’affaires brut qui recule de près de 17 M € à Lille, difficile de donner tort à cet implacable constat. C’est un nouveau coup de bambou pour les 260 salariés (dix ETP de moins que l’exercice précédent) du navire Barrière à Lille, qui malgré tout s’échinent à maintenir leur casino dans le top 10 en France (7e sur 202 casinos).
Manne en moins pour la ville
L’an dernier, déjà, Laurent Balmier, le directeur de l’établissement, décrivait la quadrature du cercle : « Le dimensionnement de l’établissement a été prévu pour un volume d’activités plus important, et les amortissements sont disproportionnés. Cette concession est déficitaire, ça s’atténue chaque année mais ça le sera jusqu’en 2027, même si on a bon espoir de les réduire chaque année ».
Personne ne peut se satisfaire de cette situation et surtout pas la Ville, qui voit elle aussi s’envoler une manne précieuse : en deux ans, la dégringolade des redevances en provenance du casino est vertigineuse (- 43 %), avec 11,6 M € perçus en 2018-2019, contre seulement 6,6 M € en 2020-2021.
Concession jusqu’en avril 2027
Pour rappel, la concession du casino est la propriété du groupe Barrière jusqu’au 25 avril 2027. Le rapport, d’ores et déjà, place « l’estimation des pertes de la SLAT (Société lilloise d’animation touristique, filiale du groupe Barrière) en fin de concession à environ 140 millions d’euros ».
(source : lavoixdu
nord.fr)