« Les casinos sont plus que disposés à fermer les yeux et à ne pas mener de vérifications approfondies sur leurs clients », assure une représentante de l’OnG Transparency International contre le blanchiment d’argent
Les casinos préfèrent souvent « fermer les yeux » sur l’origine des sous que misent leurs clients, au risque de faciliter l’économie souterraine, explique Maira Martini, qui dirige la section de l’OnG Transparency International contre le blanchiment d’argent.
Comment blanchit-on de l’argent dans un casino ?
Un client peut arriver dans un casino avec de l’argent dit « sale », c’est-à-dire issu d’activités illégales, comme le trafic de drogues ou d’êtres humains, et personne au sein de l’établissement ne lui posera de questions. À partir du moment où le client joue et gagne, l’argent remporté est blanchi, parce qu’il peut officiellement dire d’où vient cet argent. Son argent a désormais une origine établie.
Par exemple, mettons que vous êtes un fonctionnaire qui gagne environ 1 000 euros par mois. Vous ne pouvez pas justifier l’achat d’une maison à un million d’euros, on vous soupçonnera d’avoir reçu un pot-de-vin. Mais si vous indiquez que cet argent a été gagné au casino, alors vous pouvez dépenser cette somme sans soucis.
Les casinos vont-ils de pair avec l’économie souterraine ?
Dans de nombreux pays de l’Union européenne (UE), les casinos sont soumis à des règles strictes contre le blanchiment d’argent. Mais on se demande parfois s’ils se plient réellement à ces règles car cela ne les avantage pas forcément : cela peut effrayer les clients par exemple qui, même s’ils ne sont pas dans l’illégalité, n’ont pas forcément envie de justifier la somme qu’ils s’apprêtent à jouer. Donc, s’il n’y a pas un État qui veille à ce que ces règles soient bien appliquées, un lien entre économie souterraine et casinos peut être facilement tracé.
Car les casinos sont plus que disposés à fermer les yeux et à ne pas mener de vérifications approfondies sur leurs clients. Il y a souvent un lien entre les activités illégales et les casinos. Par exemple, Chypre reste un pays attractif pour les individus corrompus car la culture du secret y existe encore. Il y a aussi la question des lois : sont-elles appliquées ? Est-ce que l’État prendrait des mesures s’il y avait un souci ou des sanctions contre les individus impliqués ? Jusqu’à présent, nous n’avons pas vu à Chypre d’acte fort (du gouvernement) contre le blanchiment d’argent.
Quels sont les risques liés au blanchiment d’argent ?
Le blanchiment d’argent facilite l’existence de la corruption. Car s’il est facile de blanchir de l’argent, un individu pourra davantage être tenté par la corruption, puisqu’il saura qu’il existe des mécanismes pour utiliser l’argent du pot-de-vin sans susciter de soupçons. Le blanchiment d’argent attire aussi des personnes peu recommandables dans le pays, comme des criminels.
Ou favorise la venue de personnes qui sont sur des listes de sanctions européennes et qui cherchent à cacher l’origine de leur argent, comme nous pouvons le voir en ce moment avec la guerre en Ukraine (lancée le 24 février par Moscou, nDLR). Blanchir de l’argent, c’est aussi éviter de payer des taxes et c’est un immense manque à gagner pour les États.
(source : sudouest.fr/AFP)