Trois ans après la légalisation des jeux d’argent en ligne, l’établissement est le onzième de Suisse à lancer sa plateforme. Son directeur, Jérôme Colin, explique les raisons de ce délai.
Plus besoin de franchir la porte du Casino de Montreux pour actionner ses machines à sous. Désormais, ces dernières pourront aussi être maniées à coups de clics. Chapeauté par le groupe français Barrière, l’établissement de la Riviera a inauguré jeudi sa plateforme Gamrfirst.ch, qui proposera 80 jeux de toutes sortes. Selon la direction, une vingtaine de personnes ont été engagées en Suisse pour le lancement et le fonctionnement de ce volet numérique.
Cette nouveauté aura mis du temps à voir le jour, puisque les premiers casinos en ligne helvétiques sont apparus en 2019 déjà, lors de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi fédérale sur les jeux d’argent. Jérôme Colin, directeur général du Casino Barrière de Montreux, s’explique.
Le Casino de Montreux est le 11e de Suisse à franchir ce pas. Pourquoi avoir autant attendu avant de vous lancer?
Nous avons souhaité être attentifs à ce qui a été mis en place ailleurs, surtout en matière de protection des joueurs. Nous voulions prendre notre temps pour coller parfaitement aux attentes de la Commission fédérale des maisons de jeu (CFMJ).
Vous avez en quelque sorte joué la prudence…
C’est cela. Aucune erreur ne doit être faite dans l’exploitation des casinos. D’autant plus que les concessions pour les établissements terrestres doivent être renouvelées à fin 2024. Comme nous souhaitons conserver la nôtre, nous avons tout intérêt à sécuriser au mieux cette nouvelle prestation.
D’accord, mais ne craignez-vous pas que vos concurrents déjà en ligne aient gagné du temps et de l’argent par rapport à vous?
Du temps peut-être. Mais, en termes de rentabilité, nous observons que les retombées du jeu en ligne ne sont pas si importantes que cela. Et puis il ne faut pas oublier que le groupe Barrière reste le leader européen dans le domaine des maisons de jeu terrestres. Du haut de ses 110 ans d’existence, il bénéficie d’un savoir-faire historique. Cette renommée devrait nous aider à conquérir des parts de marché.
En 2020, le Département fédéral de justice et police évaluait les bénéfices des jeux d’argent à 250 millions de francs par année. Financièrement, quel est votre objectif en lançant cette plateforme?
Nous avons un chiffre, mais je ne souhaite pas le communiquer.
Qui dit casino en ligne, dit peut-être plus grande facilité d’accès pour les personnes dépendantes au jeu. Qu’est-ce qui est prévu pour limiter ces risques?
Premièrement, dès qu’une personne s’inscrit sur le site, son identité, son adresse et son âge sont immédiatement contrôlés. Elle ne peut pas jouer d’argent avant de nous avoir fourni tous les documents. Nous vérifions qu’elle ne fasse pas partie du registre national des personnes sous le coup d’une interdiction de casino et de loterie en ligne. Pour les autres joueurs, il ne s’agit pas d’attendre qu’ils deviennent dépendants. Notre plateforme dispose d’une équipe de trois psychologues qui sont spécialement chargés d’observer les comportements et d’anticiper une éventuelle addiction, conformément aux dispositions validées par la CFMJ.
Et si un tel cas de figure se présente?
Le service clients et les psychologues peuvent entrer en contact à tout moment avec ces joueurs. Ils ont la possibilité de les bloquer immédiatement si ces derniers ne jouent pas de manière adéquate.
Une étude du Groupement romand d’étude des addictions révèle que les casinos en ligne attirent surtout un public jeune, de 18 à 39 ans. S’agit-il de votre cible, quand on sait que votre plateforme sera promue par l’influenceuse Kristina Bazan?
Les jeunes ne constituent pas spécifiquement la cible principale de notre communication. À l’instar de notre casino terrestre, nous visons le grand public. Qu’il ait 18 ou 78 ans, un client reste un client. Et, par expérience, nous remarquons que la classe d’âge qui a le plus grand potentiel économique pour le jeu est celle qui va de 35 à 45 ans.
(source : 24heures.ch/Rémy Brousoz)