Les autorités ont finalement homologué le plan du groupe Barrière, qui prévoit la suppression de soixante-neuf emplois. Les organisations syndicales ont d’ores et déjà prévu d’attaquer la décision devant le tribunal administratif.
Le bras de fer continue. La Drieets (Direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) d’Île-de-France a homologué, ce vendredi, le plan de sauvegarde de l’emploi du groupe Barrière, qui prévoit la suppression de 69 emplois sur le site d’Enghien-les-Bains (sur un effectif d’environ 600 personnes).
Un projet qui vise particulièrement l’hôtellerie avec 24 emplois concernés (notamment l’hôtel du lac), mais aussi des services annexes au casino, comme les vestiaires ou les voituriers. Il s’inscrit dans un programme d’économie global au sein du groupe.
Le plan avait dans un premier temps été retoqué par la Drieets, en mai dernier. Celle-ci avait notamment pointé le fait que la direction devait favoriser davantage les départs volontaires. Celle-ci a revu sa copie et déposé au mois de juin un nouveau plan, qui a été validé.
Favoriser les départs volontaires
Dans sa décision, l’organisme souligne « la mise en place par l’entreprise d’un plan de départ volontaire qui vise à éviter le licenciement d’un collaborateur qui serait impacté par la suppression de son poste et qui souhaiterait rester ». Elle relève également « qu’au titre du reclassement interne, l’employeur a d’ores et déjà recensé 156 postes et que, par ailleurs, l’employeur adressera aux salariés concernés les postes disponibles au sein de l’entreprise et du groupe ».
Les organisations syndicales qui se battent depuis la présentation du projet en Comité social et économique (CSE), le 21 janvier dernier, sont de leur côté décidées à continuer le combat. Leurs représentants ont d’ores et déjà annoncé qu’ils déposeraient dans les jours à venir un recours en contentieux devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise. Ils disposent d’un délai de deux mois.
Les syndicats réclament « l’annulation du plan »
« On s’y attendait, soupire Michael Da Costa, délégué syndical CGT. On avait fait plein d’injonctions sur des défauts de procédure, mais ils n’en ont pas tenu compte. Pour nous, c’est le même PSE que celui présenté la première fois, et qui n’avait pas été homologué. Sur les catégories professionnelles, rien n’a bougé. On ne comprend pas. Il y a juste un peu plus au niveau des mesures de reclassement. »
Du côté de la direction, on souligne que, si la Drieets avait retoqué le plan, elle n’avait pas remis en cause le motif économique de celui-ci. « Elle avait fait des recommandations concernant les catégories professionnelles et les conditions de départ que nous avons suivies et nous avons donc pu ensuite relancer la procédure », explique Patricia Legros, directrice générale du casino d’Enghien.
Des départs volontaires seront ainsi proposés avant les départs contraints dans les services concernés. Aucun calendrier ne peut cependant être avancé pour l’instant. « Nous avons appris la décision de la Drieets vendredi et maintenant il y a tout un process avec notamment ces appels pour les départs volontaires. On va tout faire pour être au plus proche de nos collaborateurs et le service RH est très concentré sur le sujet », assure la responsable.
Chez les salariés du seul casino d’Île-de-France, on reste mobilisé, à l’image des différents mouvements de grève organisés depuis la réouverture de l’établissement, le 19 mai dernier. « On veut l’annulation du plan, pour que les salariés concernés soient réintégrés, précise le représentant du personnel. En plus, l’activité repart. C’est purement incroyable ».
Baisse de fréquentation de 40 % en juin
Au contraire pour la direction, la situation actuelle ne fait que « confirmer la décision prise en début d’année ». « Les syndicats ne sont pas satisfaits et c’est tout à fait normal. Mais on a pris cette décision parce qu’on n’a pas le choix, affirme Patricia Legros. Ce n’était pas envisagé après le premier confinement mais on ne pensait pas qu’il y aurait une redite avec une nouvelle fermeture de novembre à la mi-mai. Un casino normalement, ce n’est jamais fermé, c’est ouvert 7 jours/7. On ne pensait jamais vivre ça ».
Elle annonce une baisse de fréquentation de 40 % en juin du casino. « Et sur l’hôtellerie, on n’a pas de visibilité. Un de nos hôtels ne va pas rouvrir et l’autre pour l’instant n’ouvre que le week-end car nos carnets sont vides. Seul le spa reprend mais avec toujours des contraintes sanitaires », explique la directrice générale.
Et l’arrivée du pass sanitaire inquiète le secteur. Les casinos devront en effet l’appliquer dès ce mercredi. « C’est beaucoup d’inconnues car on ne sait pas comment vont réagir nos clients. On aura sans doute un centre de dépistage sur le parvis pour nos clients. On comprend la mesure pour la lutte anti-covid mais on est forcément inquiets », ajoute-t-elle.
(source : leparisien.fr/Christophe Lefèvre et Anne Collin)