Dans son rapport publié récemment, la Cour des comptes érige Lille en exemple à suivre pour le contrat qui lie la ville avec le casino. Des louanges qui ne sont pas du goût de tout le monde
- La Cour des comptes consacre un chapitre de son dernier rapport aux casinos en temps de crise sanitaire.
- Les différents confinements ont fait chuter leurs recettes et avec elles, les redevances perçues par les communes.
- La Cour des comptes salue néanmoins la gestion du contrat qui lie la ville de Lille au groupe Barrière, exploitant du casino lillois.
Ici on gagne à tous les coups. Dans son rapport public, publié mi-mars, la Cour des comptes (CDC) consacre un chapitre entier aux communes possédant un casino sur leur territoire. Si l’autorité constate une baisse générale des rentes liée à l’épidémie de coronavirus, elle souligne aussi les bonnes pratiques qui permettent à certaines villes de s’en sortir mieux. Et dans ce domaine, Lille est érigée en exemple à suivre.
Globalement, dans son rapport, la Cour des comptes déplore une certaine passivité de la majorité des communes dans la gestion de la délégation de service public d’exploitation des casinos. Selon la CDC, ces communes se contentent de ce qui tombe sans risque dans leurs caisses sans chercher à optimiser cette rente. Pire, certaines villes possédant un casino se sont retrouvées dépendantes du prélèvement sur le produit brut des jeux pour constituer leurs budgets. Du coup, avec la crise sanitaire et la fermeture des casinos, les revenus ont chuté pour les villes. Par exemple, au 31 décembre 2020, Le Touquet avait vu son prélèvement sur le produit des jeux chuter de près de 50 % par rapport à 2019.
Un casino exploité « aux risques et périls » du délégataire
Pour la CDC, Lille s’en sort plutôt bien à tel point que l’autorité en fait « un exemple de bonne pratique à développer ». D’abord parce que le prélèvement sur le produit des jeux ne représente « que » 1,5 % du budget communal contre, par exemple, 18 % pour Saint-Amand-les-Eaux. Et Lille ne mise pas que sur ce prélèvement pour tirer des ressources directes du casino. En effet, la « redevance d’occupation du domaine public pour la commune équivaut, en 2018, à 41 % des recettes générées par le casino », souligne la CDC. L’autorité salue aussi le fait que l’exploitation du casino se fait réellement « aux risques et périls » du délégataire, le groupe Barrière.
Pour illustrer son propos, la Cour des comptes explique qu’en 2018, Lille avait perçu 5,7 millions d’euros sur le produit des jeux, 1,1 million de contribution au développement culture et une redevance d’occupation du domaine public. Le tout malgré près de 100 millions d’euros de pertes accumulées par le casino depuis son ouverture, en 2006. Un satisfecit qui a fait bondir Patrick Partouche, président du conseil de surveillance du groupe Partouche qui exploite, notamment, le casino de Saint-Amand-les-Eaux : « Félicitations à Lille ? 97 millions d’euros de pertes pour le casino de Lille… Voilà comment on nous traite !!! », s’est-il étranglé sur Twitter. A noter que le groupe Barrière, exploitant du casino lillois, déplorait un produit brut des jeux en baisse de 27 % sur un an en 2020. D’ailleurs, selon le syndicat Force ouvrière (FO)?, le casinotier a prévu de licencier environ 70 salariés en 2021.
(source : 20mi
nutes.fr/Mikaël Libert)