Au terme d’une année 2020 très difficile pour son établissement, Éric Darago, PDG du Casino-Théâtre Barrière de toulouse, dresse un bilan particulièrement sombre. Il pointe par ailleurs le manque de visibilité sur l’avenir et les mesures mises en place pour assurer la sécurité du public.
Éric Darago, quelles sont les conséquences économiques de la crise sanitaire pour le Casino Théâtre Barrière de toulouse ?
Les conséquences ont été très importantes pour nous en 2020. Nous avons fait 30% de chiffre d’affaires en moins (-25% sur l’activité casino, -35% sur la restauration et -50% sur la partie spectacles). Et nous avons alterné les ouvertures et les fermetures. Certes, nous avions obtenu la réouverture au tribunal administratif en octobre. Mais l’État a renforcé les mesures d’interdiction, nous contraignant à fermer de nouveau. Cela a été très dur moralement. Surtout de finir l’année porte close alors que c’est la période la plus importante pour nous. Les casinos font de 30 à 50% de leurs chiffre d’affaires durant la période des fêtes. Nous devons pourtant faire face à des charges fixes importantes. Nous sommes frustrés car le secteur des jeux d’argent a l’habitude d’être très réglementé et contrôlé au quotidien. Les gens qui viennent chez nous sont sous le regard de caméras de surveillance. Nous pouvons vraiment être très rigoureux sur le protocole sanitaire et nous avons les moyens de faire respecter les gestes barrières et les distances de sécurité. Surtout que nous sommes dans des locaux très spacieux (14.000 m2 avec cinq mètres de plafond, NDLR).
Quel est impact sur l’emploi ?
Nos salariés sont quasiment tous en chômage partiel. Seuls quelques-uns, dont les personnes chargées de la sécurité par exemple, travaillent encore sur place. Nous sommes soucieux des conséquences psychologiques sur nos équipes de cet arrêt. Nous essayons de faire en sorte que chacun tienne moralement. Nous n’avons pas à mettre en place de PSE, mais nous sommes en mode survie. Les départs n’ont pas pu être remplacés, les CDD n’ont pas été renouvelés. La situation la plus compliquée, c’est celle des intermittents auxquels nous ne pouvons faisons plus appel malheureusement, à cause de l’impossibilité de tenir des spectacles. Ordinairement, nous avons 150 spectacles par an.
Est-ce que vous pourriez de nouveau vous tourner vers la justice pour faire rouvrir votre établissement ?
Si, dans quelques semaines, certains lieux de loisirs peuvent ouvrir et pas nous, on se laisse la possibilité de faire une action judiciaire. Si on se juge discriminé, on se défendra. Ce qui est difficile, ce que nous n’avons aucune réelle perspective. Pour certaines personnes, le casino est pourtant le seul lieu où ils se retrouvent, développent des liens sociaux.
Propos recueillis par Matthias Hardoy
(source : touleco.fr/Matthias Hardoy)