Guido Berghmans, directeur général du Casino 2000, misait sur la fermeture de son établissement « sans doute en milieu de semaine ». Le casinotier a vu juste : à compter de ce jeudi, ce temple du jeu luxembourgeois va vivre un coup d’arrêt, un de plus en cette année malchanceuse…
Faîtes vos jeux, rien ne va plus… « Mercredi, peut-être jeudi. » Guido Berghmans ne prenait pas de risque en évoquant cette échéance. « On se dirige clairement vers une fermeture des établissements de divertissement, comme le nôtre ».
Le directeur général du Casino 2000 , à mondorf-les-Bains, a vu juste. Sa prédiction fait l’effet d’un demi-scoop : « Le taux d’incidence est encore trop élevé au Luxembourg. La menace plane au-dessus de nos têtes depuis plusieurs jours ».
Fréquentation en chute libre
Ce tour de vis du gouvernement luxembourgeois , acté ce lundi par le Premier ministre Xavier Bettel, s’inscrit dans un contexte morose au casino. Ces dernières semaines, le seul et unique temple du jeu grand-ducal tourne au ralenti. Le reconfinement orchestré début novembre en France prive l’établissement de sa clientèle frontalière.
Déjà soumis à une jauge maximale de 300 joueurs, le casino affiche un taux de fréquentation en chute libre : « Le week-end, on accueille entre 500 et 600 clients par jour. En temps ordinaire, hors Covid-19, 2 000 personnes franchissent notre porte. »
Jusqu’à présent, Guido Berghmans, qui dirige un effectif de 210 salariés amputé de 10 % en chômage technique, s’efforçait de sauver les meubles. Le dirigeant a tout misé sur les machines à sous et mis entre parenthèses les jeux traditionnels (black jack, roulette, etc.).
Un choix payant et légitime : « Maintenir les jeux à table se révèle complexe au regard des mesures sanitaires. Il faut désinfecter les cartes, les jetons, etc. Et puis, les revenus tirés de cette activité ne représentent, chez nous, que 5 % du chiffre d’affaires. » En somme, cela ne valait pas le « coût ».
« Nous allons revivre les années folles »
Ce géant de l’industrie du jeu prévoyait, cette année, un résultat comptable exceptionnel : « On visait un chiffre d’affaires de 50 M€, notamment en raison d’un programme événementiel de premier plan. Je pense qu’on va boucler cet exercice à hauteur de 25 M€».
Ce coup d’arrêt ne devrait pas remettre en cause la politique d’investissement de l’actionnaire principal. Même si le décès récent du grand patron allemand Werner Wicker redistribue les cartes : « Nous attendons la venue prochaine de ses héritiers pour valider nos objectifs, observe le directeur général. Mais nos projets sont déjà bien avancés. »
Parmi les grands desseins du casinotier, l’aménagement d’une salle des jeux traditionnels de très haut standing. Un espace luxueux réservé à une clientèle premium. L’ambition n’est-elle pas trop élevée en ces temps annoncés de récession ? « Pas du tout. Nous faisons clairement partie des entreprises qui vont redémarrer une fois cette crise passée. Des études le démontrent : nous allons revivre les années folles, comme celles qui avaient suivi la grippe espagnole. Le côté social a manqué, les gens veulent sortir, s’amuser et… » flamber ?
(source : republicain-lorrain.fr/ Jean-Michel CAVALLI)