Jeudi, le collectif des opposants au projet de la Ferme du casino s'est retrouvé à Guérande pour évoquer l'annulation du permis de construire du groupe Barrière. Les membres du collectif parlent de victoire... Même s'ils déplorent la « frilosité » du conseil d'Etat qui n'a pas voulu reconnaître ce terrain en lisière des marais salants comme « un espace proche du rivage ».
Au premier abord, le collectif des opposants au projet de la Ferme du Casino semble satisfait. Après sept ans de procédure, le conseil d'Etat a rendu en mai un jugement qui annule le projet immobilier mené par le groupe Barrière sur cette parcelle guérandaise aux frontières de La baule (derrière Atlantia). Le collectif parle donc de « victoire » et se dit « fier de son action et de son résultat ». Le conseil d'Etat a même jugé que ces 240 logements étaient « de nature à porter atteinte aux marais salants », fait remarquer Yves Berthelot.
Pas d'application de la loi Littoral
Cependant, une ombre plane sur ce tableau idyllique : si le conseil d'Etat a annulé ce permis de construire qu'il a jugé trop massif, ce n'est pas en vertu de la loi Littoral. Et c'est là que le bât blesse car plusieurs élus du secteur ont interprété le jugement différemment. Le maire de La baule, par exemple, y voit une forme de jurisprudence pour tous ceux qui voudraient s'affranchir de la loi Littoral. Car à cet endroit, pourtant proche des marais et de l'étier du Pouliguen, la mer n'est pas visible et c'est l'un des arguments qu'a retenu le conseil d'Etat pour ne pas appliquer la loi Littoral.
Le conseil d'Etat « frileux »
« Ce n'est pas notre avis car si c'était le cas, cela remettrait aussi en cause la Directive territoriale d'aménagement (DTA) qui dit que les espaces proches du rivage remontent jusqu'au sud des remparts de Guérande », note Michel Evain. Néanmoins, le collectif reconnaît que le conseil d'Etat a fait preuve de « frilosité » en refusant d'appliquer la loi Littoral à ce cas de figure. « Nous avons le sentiment d'avoir gagné une bataille mais pas la guerre », reconnaissent les membres du collectif qui sont prêts à s'opposer à nouveau à tout projet susceptible de nuire à cet environnement. « Mais nous ne sommes pas contre une urbanisation modérée ». D'ailleurs, un nouveau projet serait déjà à l'étude au service urbanisme de Guérande. Les terrains, jusqu'alors propriété du groupe Barrière, seraient cédés à un autre promoteur. On évoque du bout des lèvres une maison de retraite et des logements à loyers modérés mais pour l'heure, personne ne confirme officiellement.
(source : maville.com/ Solange ESTEVES)