Déserté après les attentats du 11 septembre 2001, Las Vegas a repris plus que jamais sa place de capitale mondiale du jeu et des excès en s'affichant comme la ville où tout est permis, s'assurant plus de 36 millions de visiteurs en 2004, son record absolu.
"Le tourisme est le sang qui coule dans notre économie", résume sans ambages le shérif de Las Vegas, Bill Young, qui met tout en oeuvre pour en assurer la sécurité après les mauvais souvenirs de 2001 : chute de 60% de la fréquentation et licenciement de 30.000 personnes dans le secteur touristique après les attentats à New York et Washington.
En 2002, encore groggy, la ville cherchait timidement son nouveau positionnement, explique Marina Nicola, du Bureau du tourisme et des congrès de Las Vegas. Ce n'est qu'à la mi-2003 que la ville osait sa nouvelle campagne résumée par un slogan devenu si populaire qu'il est repris en coeur par les séries TV et les animateurs de talk-show : "Ce qui se passe ici reste entre nous".
Toutes les routes vers Las Vegas Boulevard, alias le "Strip", sont bordés de panneaux géants exposant de très jeunes femmes qui mêlent leur peau humide au bord de la piscine d'un grand hôtel, l'incontournable concept à mi-chemin entre le bar et la boîte de nuit.
A la télévision, les spots financés par la ville déclinent le slogan à l'infini : quatre filles étendues à l'arrière d'une limousine ne peuvent contenir leur fou rire en repensant à leurs exploits, un jeune homme demande à son hôtel d'être réveillé sur son téléphone portable, car il ignore encore dans quel lit il terminera la nuit. "Ce qui se passe ici...".
"Après la tragédie du 11 septembre, nous avions dû adopter un autre ton. Mais désormais, nous jouons sur l'idée que si vous êtes prêts à faire la fête, Las Vegas vous attend", résume Mme Nicola, qui prépare déjà les festivités du centenaire de Las Vegas, en mai 2005, avec une nouvelle campagne publicitaire de 70 millions de dollars.
Cette représentante de la ville se défend pourtant de pousser au vice. "L'idée est plutôt qu'en venant à Las Vegas, vous devenez une autre personne, vous mangez autre chose, vous portez d'autres vêtements, vous allez vous coucher à une autre heure et en conséquence, ce qui se passe ici reste entre nous".
Pour l'auteur de la campagne de publicité, Bill Vassiliadis, "il ne s'agit pas de venir à Las Vegas pour le sexe, mais pour se sentir sexy", et "chacun vient ici pour ses propres raisons, tant que c'est légal, c'est parfait".
Le record des 36 millions de visiteurs qui devrait être atteint haut la main en 2004 (contre 35,4 millions en 2000) nourrit une frénésie d'investissements sur "le Strip".
Le dernier en date se chiffre à 2,5 milliards de dollars, pour la construction de l'hôtel-casino Wynn, du nom de son promoteur Steve Wynn, qui devrait ouvrir en avril 2005 et sera alors la plus coûteuse réalisation de ce type au monde.
De son côté Kirk Kerkorian, patron du groupe mgm Mirage, vient d'offrir 7,9 milliards de dollars pour le rachat du groupe Mandalay Resort, prenant le contrôle de quasiment tout le côté ouest du "Strip", soit près de 50% des hôtels-casinos de Las Vegas, signe de la confiance des investisseurs dans une région qui connaît l'une des plus fortes croissances du pays.
Pour sa prochaine campagne, Las Vegas ciblera plus spécifiquement les étrangers qui ne représentent que 15% de ses visiteurs. L'accent sera mis sur l'Asie, le Canada et le Mexique, résume M. Vassiliadis, qui cite encore l'Allemagne et la Grande-Bretagne comme principaux marchés en Europe.
(source : actu.voila.fr)