Avec l'arrivée des machines à sous, la fréquentation des casinos s'est démocratisée. Du coup, il y a de plus en plus de joueurs accros.
A Monaco, les responsables des casinos ont longtemps utilisé une vieille ficelle un peu grosse pour ne pas être accusés de ruiner leurs clients. Les joueurs malchanceux et désespérés avaient la fâcheuse habitude de mettre fin à leurs jours en se précipitant du haut de la vieille ville. Bizarrement, lorsqu'on retrouvait leur corps, les poches de leur habit étaient immanquablement pleines de jetons et de plaques. Le casino était discrètement passé par là pour éviter que l'on puisse lui imputer la responsabilité du suicide.
Un siècle plus tard, les méthodes ont évidemment changé. Les casinos n'en demeurent pas moins soucieux de leur image de marque. Le développement des machines à sous - celles qu'on appelle si justement les bandits manchots - a largement démocratisé le jeu.
Ne pas déplaire au ministère de l'Intérieur
Désormais, ce ne sont plus seulement quelques riches industriels ou rentiers aisés qui perdent leur chemise sur les tapis verts.
Les salles modernes où scintillent les machines à sous attirent tous les publics. Y compris des personnes modestes qui, si elles ne savent pas s'arrêter, se retrouveront vite dans une situation désespérée.
Fort heureusement, une grande majorité de ceux qui fréquentent les casinos sont tout à fait raisonnables. Ils viennent pour s'amuser et savent limiter leur jeu. «Nos établissements doivent rester un lieu de plaisir et ne pas devenir un lieu de perdition» affirme la main sur le coeur Guy Benhamou, le patron du casino lyonnais le Pharaon. Comme ses confrères, il sait bien qu'une trop mauvaise image de leur profession finirait par leur nuire. Ne serait-ce que parce que l'Etat risquerait fort d'interdire les machines à sous qui font leur fortune.
Paradoxalement, les joueurs les plus rentables pour les établissements de jeux - c'est-à-dire ceux qui perdent le plus - sont également les plus dangereux pour eux. On imagine le dilemme pour les professionnels qui multiplient depuis quelques mois les efforts pour aider les joueurs compulsifs à décrocher.
Ils y ont été, il est vrai, très vigoureusement incités par le ministère de l'Intérieur dont ils dépendent. On dit dans les couloirs de la place Beauvau à paris qu'à la distribution de nouvelles machines à sous, les groupes jouant le jeu de la prévention, seront le mieux servis.
On comprend mieux l'empressement actuel des uns et des autres.
(source : leprogres.fr/Gerard Angel)